Le refus du gouvernement de fermer les mosquées, au moment où il a décidé de fermer tous les lieux de rassemblements et autres espaces publics et commerciaux, est en passe de susciter une polémique, particulièrement sur les réseaux sociaux.
Beaucoup, en effet, s’interrogent depuis hier, sur l’hésitation du gouvernement à fermer les lieux de cultes alors que dans de nombreux pays, les autorités locales n’ont pas hésité à franchir le pas. C’est le cas notamment de la Turquie, du Koweït, de l’Égypte et même de la Palestine.
Dimanche soir, le ministère des Affaires religieuses, s’appuyant sur des avis religieux, a appelé les imams à prendre des mesures préventives en raison de la propagation du Coronavirus, à savoir l’allégement des prières, dont la Prière de vendredi, avec la fermeture des mosquées directement après la fin de chaque prière.
« Les imams doivent alléger les prières et les accomplir directement après l’Adhan et fermer les mosquées juste après la fin des chaque prière », ainsi que « de suspendre toutes les activités de la mosquée comme l’avant prône du vendredi, les cours hebdomadaires et les sessions d’enseignement », a indiqué le ministère ajoutant « la présence des enfants, des femmes et des personnes âgées et malades, est interdite dans les mosquées lors de la prière du vendredi et autres prières collectives ».
Tabou culturel, crainte de la réaction d’une partie de la population ou refus d’assumer une décision, le choix du gouvernement demeure en tout cas, aux yeux de beaucoup, incompréhensible. « Le gouvernement doit assumer l’interdiction des prières collectives et celle du vendredi. C’est une question de vie ou de mort », écrit Soufiane Djilali sur son compte Facebook.
« Arrêter les manifestations du vendredi sans fermer préalablement les mosquées n’a aucun sens. Il est bien connu, depuis le début du Hirak, que ce sont les flots sortant des mosquées qui viennent grossir les rangs des manifestants à partir de 14h. Les Iraniens l’ont fait, les Saoudiens ont fermé l’accès à l’esplanade de grande mosquée et la Grande mosquée de Paris est fermée aux fidèles le vendredi. Qu’attend l’Algérie pour faire de même ? », s’interroge, pour sa part, l’ancien ministre et ancien cadre du FFS, Abdesslam Ali Rachedi.
De son côté, le sociologue, Nacer Djabi voit dans la « fetwa » des autorités une « demi-mesure » en raison de son illégitimité. «Une semi-légitimité de l’institution religieuse officielle équivaut à pseudo-fatwa », écrit-t-il.
L’ancien secrétaire national à la communication du FFS, Hacen Ferli, il estime que «dans l’attente d’une décision officielle concernant la fermeture des mosquées, le bon sens et la conscience nous commandent de prier dans nos maisons ». « L’irresponsabilité de certains ne nous exonèrent pas de la prudence », dit-il.
Dans une déclaration à TSA, Abdelwahab Benzaim, sénateur FLN d’Alger, estime que le gouvernement doit fermer les mosquées sans attendre de fatwa. « J’appelle le gouvernement à prendre la décision immédiate de fermer les mosquées et de ne pas attendre une fatwa. La mosquée est un lieu public qui représente un espace clos favorable à la transmission du coronavirus », a-t-il dit.