Politique

Refus de visa à des Algériens : le Quai d’Orsay refuse de commenter

La question des visas et du retour des clandestins algériens risque d’empoisonner de nouveau les relations algéro-françaises, dans un contexte de tensions entre les deux pays.

Le ministère des Affaires étrangères français a refusé de démentir ce lundi les informations faisant état de refus de l’octroi de visas à des ressortissants algériens, dont un fils du Premier ministre Abdelaziz Djerad, en réaction au silence radio d’Alger à la demande française de retour dans leur pays de ressortissants algériens soupçonnés de radicalisation.

« Nous ne commentons jamais les situations administratives individuelles », a déclaré un porte-parole du Quai d’Orsay cité dans le compte rendu du point de presse du 7 décembre publié sur son site officiel.

La décision prise par la diplomatie française de ne pas réagir à l’information publiée par le site Maghreb Intelligence (bloqué en Algérie) intervient dans un contexte de pression accrue de la part de la France sur l’Algérie au sujet du rapatriement des ressortissants algériens expulsés de France.

Macron a décidé de réduire le nombre de visas aux Algériens

Le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, a dans ce cadre récemment effectué une tournée régionale dans les pays du Maghreb, dont l’Algérie, afin de discuter spécifiquement de cette question.

Le 24 novembre, M. Darmanin a également confirmé que la réduction du nombre de visas français aux ressortissants algériens a été une décision politique ayant émané du président français Emmanuel Macron lui-même.

« Le président de la République a pris une décision très forte, l’année dernière, sur la réduction du nombre de visas à l’encontre de l’Algérie », a affirmé le ministre français.

« J’ai effectué une tournée des pays du Maghreb à la demande du président de la République, au cours de laquelle j’ai expliqué que, outre la lutte antiterroriste, nous devions appliquer notre politique migratoire », a-t-il fait savoir en outre.

La perspective de refuser d’octroyer des visas comme levier de pression aux pays récalcitrants comme l’Algérie a également été évoquée clairement le 15 novembre dernier par le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune.

« Il faut reconduire les personnes en situation irrégulière et a fortiori reconduire les personnes qui sont une menace pour notre sécurité. Aujourd’hui le principal obstacle à ces expulsions, c’est que les pays d’origine ou de transit refusent », avait expliqué M. Beaune.

« Je crois qu’il faut sortir de la naïveté », a estimé le secrétaire d’Etat français. « Il faut dire à ces pays qu’ils doivent reprendre les personnes qui sont identifiées comme leurs ressortissants. Gérald Darmanin l’a évoqué, nous avons des leviers pour faire », avait affirmé le secrétaire d’Etat français, citant « les visas » comme exemple de levier.

Et hier lundi, lors de la tenue du conseil Algérie-UE, l’Union européenne a apporté son soutien à la position française, en jugeant important de « garantir, dans le respect des engagements internationaux, le retour de personnes séjournant de manière irrégulière sur le territoire d’une des parties; de renforcer la gouvernance et de progresser dans la lutte contre les réseaux criminel ».

Belhimer accuse la France

Le 30 novembre, dans un entretien à l’agence officielle, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer a déclaré que l’Algérie faisait l’objet d’ « un flot ininterrompu d’agressions verbales qui nous parviennent de France ». Il réagissait ainsi à la résolution du Parlement européen (PE) sur la situation des droits de l’Homme et de la liberté d’expression en Algérie. « Ces agressions empruntent plusieurs canaux : le Parlement européen, les ONG et leurs rares relais médiatiques et politiques locaux ainsi que les réseaux sociaux et leurs +influenceurs+ parisiens », avait accusé M. Belhimer.

Il avait ajouté que « la remise de notre pays sous tutelle ou protectorat français est souvent associée à la disparition de la génération de Novembre comme si elle n’était qu’une brève parenthèse (qui va vite se fermer) de notre histoire contemporaine ».

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