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Regain de tensions entre le Qatar et les monarchies du Golfe

Des propos sur l’Iran et sur le Hezbollah accordés au cheikh qatari Tamim Ben Hamad Al-Thani ont provoqué l’ire de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Si Doha plaide, pour sa défense, le piratage informatique, les monarchies du Golfe sont à vif.

Un « faux discours » à l’origine de la discorde 

Mardi soir, soit 48 heures après un sommet arabo-musulman avec le président américain Donald Trump à Riyad, la toile et les médias relayent des propos a priori tenus par Ben Hamad Al-Thani lors d’une cérémonie militaire de remises de diplômes.

Dans son discours, le jeune émir aurait notamment expliqué que l’Iran, bête noire de l’Arabie saoudite, était « une puissance islamique avec laquelle il faut compter puisqu’elle contribue à la stabilité de la région ». Tamim Al-Thani aurait également pris la défense du Hezbollah, le parti politique chiite libanais, accusé par Riyad d’être à la botte de Téhéran, et considéré comme organisation terroriste. Pour rappel, en 2016, la Ligue arabe et le Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont fait partie le Qatar, ont déclaré le Hezbollah « groupe terroriste ».

Dans la nuit de mardi à mercredi, l’agence de presse officielle qatarie (QNA) dément et annonce qu’elle a été visée par une attaque informatique : « Le site internet de l’Agence de presse du Qatar (QNA) a été piraté par une entité inconnue. Une fausse déclaration attribuée à sa majesté a été publiée », annoncent les services de communication de l’émirat.

« Une enquête va être ouverte pour se pencher sur ce dossier. La déclaration publiée n’a aucun fondement et ceux qui sont impliqués devront rendre des comptes », précise l’agence. En outre, un porte-parole du gouvernement qatari, interrogé par l’agence Reuters confirme que l’émir s’est rendu à cette cérémonie, mais « n’a toutefois prononcé aucun discours ou fait de déclaration ».

Riyad bloque l’accès aux médias qataris 

Qu’importe. Le mal est fait. Malgré le démenti officiel, Al-Arabiya, chaîne d’information saoudienne, et Sky News Arabia, financée par les Émirats arabes unis continuent de diffuser en boucle des extraits de ce discours. Si certains analystes évoquent le « manque de maturité politique » de l’émir qatari âgé de 36 ans, le journal anglophone des Émirats arabes unis, citant des analystes du Golfe, estime que la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera est devenue « un porte-parole pour les Frères musulmans et d’autres organisations terroristes comme Al Qaida ou Daech ». Les autorités saoudiennes et des émirats décident quant à elles de bloquer l’accès à la chaîne et à d’autres sites de médias qataris. L’Égypte a également suivi.

Incident en 2014, fracture entre deux camps dans le Golfe 

« L’affaire » fait ressurgir les tensions entre Doha, qui fait figure d’électron libre dans la région face aux autres monarchies du Golfe. En mars 2014, une grave crise diplomatique avait éclaté entre le Qatar d’un côté, et l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis et Bahreïn de l’autre, en raison de la proximité de Doha avec les Frères musulmans en Égypte, renversés par l’armée en juillet 2013.

À l’issue d’un mini-sommet de crise, les trois pays, qui considèrent les Frères musulmans comme une menace, avaient demandé au Qatar « de ne soutenir aucune action de nature à menacer la sécurité et la stabilité des États membres (du Conseil de coopération du Golfe fondé en 1979 pour faire face à l’Iran, ndlr) ».

En septembre de la même année, et sous la pression de ses voisins, le Qatar avait expulsé de son territoire sept membres de la confrérie, pourchassés dans leur pays. Si cette décision avait fait “redescendre la température“, elle n’a pas permis, semble t-il, de rétablir la confiance entre Doha et ses partenaires régionaux.

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