Créé en février dernier, le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) prend toute sa place dans le paysage économique national. Il compte ainsi apporter sa pierre à l’édification d’une économie forte et prospère loin des interférences administratives et politiques qui ont longtemps retardé le décollage économique du pays.
De plus, le contexte est d’autant favorable que le gouvernement se montre sensible et à l’écoute des doléances des acteurs économiques. « Dans le passé, il y avait des tripartites formelles, sans véritable dialogue avec les opérateurs économiques », affirme Hassen Khelifati, membre fondateur du CREA.
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Le patron d’Alliance assurances salue dans la foulée l’initiative du Premier ministre Aimene Benabderrahmane de lancer une série de dialogues avec les partenaires économiques. Invité lundi soir de la Télévision algérienne, M. Khelifati pose un diagnostic.
« L’économie nationale a aujourd’hui besoin de réformes structurelles profondes. Elle a besoin d’être révisée et réadaptée, elle a surtout besoin de confiance entre les différentes parties prenantes », a-t-il plaidé tout en appelant à davantage de réactivité.
« Il y a un diagnostic partagé par les parties prenantes suivant lequel il subsiste encore une bureaucratie mortelle. Il y a un besoin d’un électrochoc en termes de facilitations administratives. Il y a des problèmes de foncier et en ce qui concerne le système financier. Nous attendons avec impatience la mise sur pied de l’Agence nationale du foncier industriel. Nous nous réjouissons que nous en soyons arrivés à ce stade-là », a déroulé Hassen Khelifati qui pose un préalable.
« Dans le même temps, nous souhaiterions qu’il y ait des textes transitoires. Pour cause, nous sommes dans un cas de figure où les anciens textes ne sont pas activés et les nouveaux textes ne sont pas encore présents », expose-t-il, relevant que la mise en œuvre de ces textes transitoires est censée précéder la mise en place de l’Agence qui aura un rôle dans la relance de l’industrie nationale.
« En décembre 2021 à l’occasion de la Conférence nationale pour la relance de l’industrie nationale, le Premier ministre avait dit que l’ambition est de passer de 5 à 12 % en ce qui concerne la participation de l’industrie dans le Produit intérieur brut (PIB) en l’espace de 24 mois. Mais on n’y arrivera que si on prend en considération les causes et mettre en œuvre des réformes sur le terrain », fait valoir le membre du CREA.
Encourager le partenariat Public/Privé
À propos du projet de loi sur l’investissement, Hassen Khelifati a indiqué que la première mouture, qui a par la suite été rejetée par le président de la République, comportait des « relents bureaucratiques » et quelques zones d’ombre, surtout le rôle de l’administration.
À cet effet, le CREA a présenté des propositions. « Nous avons suggéré que les textes réglementaires demeurent stables pour une durée de 10 ans, qu’il y ait des prérogatives plus importantes pour ce qui est du Guichet unique. Que l’administration ne soit pas omnipotente et qu’on n’ait pas affaire à ces autorisations qui inhibent et brisent les volontés et les dynamiques… », détaille Khelifati.
Au nom du CREA, il propose aussi un traitement équitable entre les secteurs public et privé, surtout que cette organisation professionnelle est issue d’une alliance entre les deux secteurs, rappelle le chef d’entreprise.
« Aujourd’hui, on parle de l’entreprise algérienne qui crée de la richesse et des emplois et qui participe à l’édification du pays », a résumé M. Khelifati.
Pour le PDG d’Alliance Assurances, la meilleure manière de booster le partenariat public/privé en Algérie, c’est de laisser la « libre initiative » pour les partenaires et que l’administration n’interfère pas, du fait de sa méconnaissance du terrain.
« Lorsqu’un opérateur public trouve plus d’intérêt à s’associer avec un opérateur privé, lui permettant de créer une valeur ajoutée et des dividendes, on ne doit pas le ligoter avec certaines sensibilités politiques et administratives. On doit le laisser travailler. On doit sortir le secteur public de la gestion politico-administrative. Et maintenir le secteur public comme une composante de l’économie nationale, qui y a sa place à égalité avec le secteur privé », a plaidé Khelifati.