Abdelkader Kherrat, ingénieur sénior algérien auprès du constructeur aéronautique canadien Bombardier, va accompagner une équipe d’étudiants algériens à un concours de lancement de fusées aux États-Unis.
Installé au Canada depuis 1987, ce passionné d’aviation s’apprête à accompagner une équipe algérienne à un concours international de lancement de fusées, The Rocketry Challenge 2023. Une occasion de revenir sur le parcours de cet ingénieur de renom.
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Abdelkader Kherrat, de Polytechnique Alger jusqu’à Bombardier
Abdelkader Kherrat est né à Boufarik, non loin de l’aéroport militaire de Blida. Fasciné par l’aéronautique depuis son plus jeune âge, il intègre l’École nationale polytechnique d’Alger (ENP) en 1982.
« J’ai eu mon baccalauréat en 1982. À cette époque-là, il n’y avait pas dans le pays d’institut en aéronautique. J’ai donc poursuivi des études en génie mécanique à l’ENP », raconte Abdelkader Kherrat à TSA.
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« L’aéronautique a toujours été une passion pour moi. J’ai toujours rêvé de travailler dans ce domaine. À un moment donné, j’ai même pensé à m’engager dans l’armée parce que c’était le seul endroit qui nous offrait la possibilité de faire des études dans ce domaine », poursuit-il.
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Son diplôme d’ingénieur en génie mécanique en poche en 1987, Abdelkader Kherrat s’envole pour le Canada où il obtient un master en génie aérospatial. Il entame un doctorat qu’il ne termine pas et entre-temps, Abdelkader Kherrat intègre le groupe canadien Bombardier, l’un des principaux constructeurs aéronautiques dans le monde.
Employé de cette entreprise depuis plus de 25 ans, Abdelkader Kherrat travaille principalement au développement de nouveaux produits. « J’ai participé au développement de plus de six avions pour Bombardier », fait-il savoir.
« Créer des générateurs d’idées et d’opportunités »
Loin de son pays natal, Abdelkader Kherrat se plait à accompagne et à aider des jeunes algériens dans la réalisation de leurs rêves.
« C’est notre rôle en tant que membres de la diaspora d’accompagner et d’aider les jeunes algériens. Chacun à sa façon d’y contribuer. Personnellement, je le fais en créant des opportunités et en aidant des étudiants à réaliser leurs rêves », développe-t-il.
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Au mois de juin prochain, Abdelkader Kherrat accompagnera une équipe algérienne au Rocketry Challenge 2023, un concours international de lancement de fusées aux États-Unis. Il encadrera une équipe d’étudiants de l’école polytechnique d’Oran qui a conçu et construit une mini-fusée.
Les mini-fusées développées par les différents étudiants, venus du monde entier, seront lancées lors de la compétition qui aura lieu au Nouveau-Mexique, dans le sud-ouest des États-Unis.
« C’est une incroyable opportunité pour les étudiants algériens. Ils sont extrêmement compétents. Ce genre de concours leur permet d’être dans la pratique. C’est bien de se concentrer sur le design et la conception, mais il faut de la pratique. L’aspect pratique c’est ce qui va réellement leur ouvrir des perspectives », explique-t-il pour souligner l’importance pour les étudiants algériens de participer à ce genre de concours.
Avant de souligner : « En Algérie, on ne peut pas faire de tests de tir pour des raisons sécuritaires. C’est une chose que je comprends parfaitement, mais j’espère tout de même qu’un jour nous réussirons à mettre en confiance les autorités algériennes par rapport à cela ».
Au sujet de la compétition en question, cet ingénieur de Bombardier aéronautique indique que « l’objectif n’est pas seulement de lancer la fusée, mais aussi, de la récupérer dans un état intact ». « Nous n’allons pas juste dans une perspective de tir. Nous avons des chances de gagner. Il faut avoir cet esprit de battant. Avec la hargne et la détermination, ces jeunes peuvent aller très loin », détaille-t-il.
Abdelkader Kherrat n’a jamais coupé le cordon avec son pays natal. En contact permanent avec des étudiants des quatre coins d’Algérie, il a organisé trois années de suite un concours national inter-universitaire de génie aérospatial.
« Je suis loin, mais je continue de travailler avec des jeunes algériens. Je supervise des projets pratiques et organise des compétitions qui leur permettent de se lancer dans la réalisation. Il faut démystifier tous les domaines, que ce soit le génie mécanique, l’aéronautique ou tout autre secteur. Il faut leur ouvrir des portes vers de nouveaux horizons », soutient-il. L’objectif pour cet ingénieur de renom est « de créer des générateurs d’idées et d’opportunités ».
Aéronautique : ce que l’Algérie doit faire pour refaire son retard
« À travers les compétitions, nous souhaitons aider les jeunes étudiants à se lancer dans la réalisation, mais aussi leur apprendre à travailler en équipe et à aller chercher l’efficacité. Nous mettons l’accent également sur l’aspect communication et leur apprenons à aller chercher des financements pour qu’ils puissent concrétiser leurs idées et qu’ils n’attendent pas à ce que quelqu’un frappe à leurs portes », ajoute-t-il.
Pour Abdelkader Kherrat, il est « primordial de permettre à ces jeunes de rêver ». « La meilleure façon de détruire une génération est de lui retirer ses rêves », estime-t-il.
Au sujet du développement du secteur national de l’aéronautique, Abdelkader Kherrat déplore « un certain retard » de l’Algérie par rapport à ses voisins.
« Ce n’est pas normal qu’avec la ressource humaine que nous avons en Algérie, nous n’arrivons pas à attirer les investissements nécessaires », déplore Abdelkader Kherrat.
« Nous avons un peu traîné la patte dans ce domaine, mais nous pouvons rattraper notre retard. Il y a de l’avenir, il faut être optimiste. Nous avons peut-être perdu une bataille mais pas la guerre », ajoute-t-il.
Pour y arriver, Abdelkader Kherrat estime que l’Algérie doit surtout investir dans le capital humain et définir une stratégie claire dans le domaine de l’aéronautique.
« Nous devons désormais être présents à toutes les manifestations internationales, investir massivement dans la formation et le capital humain, accompagner les recherches scientifiques, et surtout, définir une stratégie qui soit claire et accorder une considération particulière au développement de la filière nationale aéronautique », conclut Abdelkader Kherrat.