Ibrahim El Kebir, magicien et humoriste franco-algérien. Originaire de Saïda, il a quitté l’Algérie pour la France à l’âge de 20 ans. Les 10 et 11 février, il sera au théâtre La Fourmi à Oran pour jouer son premier spectacle en Algérie. Entretien.
Vous allez vous produire les 10 et 11 février prochain au théâtre La Fourmi à Oran. C’est votre premier spectacle en Algérie. Quel est votre sentiment ?
Ibrahim El Kebir : C’est un sentiment de fierté et de reconnaissance envers le théâtre la Fourmi à Oran qui m’a fait confiance.
Vous êtes magicien et humoriste. L’humour est une forme de magie, non ?
Ibrahim El Kebir : On peut dire que l’humour est une forme de magie car cette dernière on dit souvent qu’elle fait briller les yeux des gens, et une très bonne blague peut nous faire pleurer de rire et avoir du coup les yeux qui brillent.
Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos spectacles ? C’est quoi votre recette pour faire rire les gens ?
Ibrahim El Kebir : Il n’y a de thèmes à proprement dit. L’idée du spectacle c’est qu’on est dans un avion et je suis là pour animer le vol et faire quelques tours de magie. Ce que je souhaite que les gens retiennent du spectacle c’est qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves.
La recette c’est le travail et tester à chaque fois pour améliorer. Après j’essaye de mettre du cœur dans ce que je fais et beaucoup de bienveillance.
Vous avez quitté l’Algérie à l’âge de 20 ans pour s’installer en France. C’est un exil forcé ou voulu ? Qu’avez-vous fait une fois arrivé en France ?
Ibrahim El Kebir : J’ai quitté l’Algérie quand j’avais 20 ans. C’est un exil voulu car je voulais continuer mes études en France. Mes parents étaient déjà sur place. Quand je suis arrivé en France je me suis inscrit à l’université de Jussieu pour une licence d’électronique.
De nombreux humoristes algériens ou d’origine algérienne comme Naim ou Redouane ont percé dans cet art en France. Comment l’expliquez-vous ?
Ibrahim El Kebir : Je pense qu’ils sont arrivés à ce niveau-là par le travail : Naim était déjà incroyable dans l’émission on n’demande qu’à en rire, Redouane ça fait un moment aussi qu’il est dans le game, quand à Fellag c’est un maestro, j’étais bluffé par sa diction et son story telling.
Comment un Algérien a-t-il pu devenir humoriste en France ? Est-ce qu’on rit de la même façon ?
Ibrahim El Kebir : Je pense que le fait qu’on soit francophone aide beaucoup. Après c’est avec le travail qu’on fait une grande partie du chemin. Il y a pas mal de similitudes. En tout cas, en France, je ne me suis pas senti dépaysé.
Quelles sont les principales étapes de votre parcours ?
Ibrahim El Kebir : Le déclic c’était justement à la faculté où j’ai rencontré Réda Seddiki. Nous avons monté le premier (à notre connaissance) Comedy club dans une faculté. “Jussieu sur scène” est né. On s’est alors mis à l’écriture de sketchs et on s’est lancés dans le standup en février 2012.
J’ai ensuite écrit un premier spectacle qui s’intitule “Ibrahim veut tout faire”. C’était un mélange de standup, de quelques tours de magie et d’imitations, que je jouais une fois par semaine pendant 1 an et demi à Paris. À côté de cela, je jouais dans un spectacle d’improvisation et un comedy club dans ce même théâtre. Ce qui m’a conduit à jouer un sketch de 5 min dans la salle mythique du Jamel comedy club.
Puis j’ai conçu le deuxième spectacle où j’ai décidé de mettre un peu plus de tours de magie et garder ce côté comique, car comme on dit la magie c’est l’art de surprendre les gens. Et moi dans mes spectacles, je commence par les surprendre avec du rire.
L’immigration particulièrement maghrébine est au cœur des débats en France qui connaît une montée de l’extrême droite. En tant que Franco-Algérien, humoriste et magicien, comment vivez-vous cette situation ?
Ibrahim El Kebir : Je me suis habitué à ce qu’il y ait des gens qui ne pensent pas comme nous. Je vis avec ça et je connais mes valeurs et mon éducation. Je m’efforce de montrer aux gens que je rencontre qu’on peut être musulman, franco-algérien et être bien élevé, ouvert d’esprit et dans le respect des gens.