Morad Attik est un entrepreneur franco-algérien, qui en rendant hommage à sa maman, a fait réagir le président Emmanuel Macron. Dans cet entretien à TSA, il raconte son parcours, parle de cet hommage, de ses origines algériennes, de son entreprise…
Pourriez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Morad Attik, j’ai 36 ans. Je suis né en France, d’origine fièrement algérienne. À la fois de l’Est par mon père (wilaya de Souk Ahras) et de l’Ouest par ma mère (wilaya d’Aïn Temouchent).
Presque tous les étés on rentrait en Algérie pour visiter la famille et nous replonger dans nos racines. Je suis aussi Français de naissance et j’ai fait toutes mes études et mon parcours en France. Je suis originaire de la ville de Meaux, en Seine-et-Marne dans la banlieue parisienne. On est six enfants. On a travaillé très dur pour arriver où nous en sommes.
J’ai étudié les mathématiques, je suis devenu professeur de maths. J’ai enseigné en France et dans les grands lycées prestigieux à l’étranger. Mon grand frère Rabah est lui devenu ingénieur en robotique. Il a travaillé pour de grandes entreprises.
Depuis cinq ans, en 2016, on a ouvert la startup Evolukid qui propose de démocratiser les nouvelles technologies, apprendre à coder, faire de la robotique, intelligence artificielle, big data, blockchain…
On en fait des projets qu’on vend aux collectivités mais aussi aux grands groupes. On a travaillé avec L’Oréal, la MAIF, Société Générale et on est partenaires de l’Unesco…
On a même été contactés par le gouvernement guinéen pour former des professeurs et déployer des projets de la primaire jusqu’au lycée.
Que propose concrètement Evolukid ?
Concrètement, c’est de l’éducation aux nouvelles technologies pour les enfants, adolescents et jeunes adultes. C’est aussi démocratiser toutes les nouvelles technologies et les rendre accessibles aux novices de manière générale, par exemple les parents ou encore les collaborateurs dans une entreprise. Nous avons douze salariés dans nos bureaux et une cinquantaine de formateurs pour intervenir partout en France et à l’étranger.
Vous avez rendu un hommage à votre maman sur LinkedIn. Votre publication a fait réagir le président français Emmanuel Macron. Quel est le contexte de cette publication ?
En cinq ans de travail comme entrepreneurs avec mon frère, je n’ai jamais eu l’occasion de recevoir ma mère au bureau. Ce n’est pas par manque de volonté, bien entendu, mais il y a le fait que la maman ne sait pas exactement ce qu’on fait, c’est difficile de lui expliquer, et que nos bureaux sont à cinquante kilomètres de chez elle.
Ce jour-là, ma mère passait dans le coin pour un rendez-vous médical et ma sœur l’a ramenée au bureau. Ce n’était pas programmé. Quand j’ai vu ma mère au bureau, j’étais super ému.
Ça m’a fait énormément plaisir. C’était encore plus gratifiant que d’être passé sur les chaînes de télévision françaises. J’étais très honoré par sa présence, et quand je lui ai fait un bisou sur la tête, ma sœur a pris une photo. J’ai trouvé que c’était une belle photo et je l’ai partagée sur LinkedIn pour expliquer que ça me tenait énormément à cœur.
La photo a suscité énormément de réactions parce que je montre fièrement notre travail, qu’on doit ce travail à notre maman et que je n’ai pas de problèmes d’être fier d’être Français mais que je suis surtout très fier de mes origines. Je suis binational, je suis donc aussi Algérien.
Quelle a été votre réaction au commentaire laissé par le président Macron ?
Le fait que le président de la République réponde en personne et se joigne à la fierté de ma mère pour applaudir notre travail, c’est très gratifiant et honorant. Surtout qu’il prend de son temps pour répondre en personne malgré le contexte de grande crise. Il se joint aussi peut-être à mon message d’ouverture, j’ai trouvé ça super sympa de sa part.
Est-ce que vous savez pourquoi Emmanuel Macron a réagi ? Aviez-vous déjà eu des interactions avec lui ?
Pas avec lui directement, non. Je pense que des profils comme les nôtres qui sont très travailleurs et qui essaient d’être fiers de leurs origines, ça parle aussi à Monsieur le président.
Parce que finalement, nous ne sommes pas un cas isolé. C’est ce qui a fait le buzz. J’ai reçu près de 1500 messages dont beaucoup de la part de Franco-Algériens qui se joignent à moi dans cette fierté de mettre en avant sa maman. Tout le monde a une maman, tout le monde se reconnaît dans l’honneur et les remerciements par rapport à ça.
Il y aussi que je ne rougis surtout pas de mes valeurs et mes origines. Après, le fait que le président en personne commente, ça fait plaisir.