La gauche espagnole anti-royaliste a fait ses choux gras d’une photo de l’ancien roi Juan Carlos avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, éclaboussé par le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, se saluant à Abou Dhabi.
La photo, diffusée sur le compte Twitter du ministère saoudien des Affaires étrangères, est reprise lundi par de nombreux journaux espagnols.
Les partis de gauche radicale Podemos et Izquierda Unida ont immédiatement dénoncé dimanche soir cette rencontre imprévue entre l’ancien monarque, venu assister au grand prix de Formule 1 d’Abou Dhabi, et le prince saoudien en tournée dans le Golfe.
#CrownPrince met with former King of #Spain, and #CrownPrince of #Dubai on the sidelines on of the final round of the World Formula 1 championship in #AbuDhabiGP #F1 pic.twitter.com/BzOYpwamaI
— Foreign Ministry 🇸🇦 (@KSAmofaEN) 25 novembre 2018
« C’est humilier l’Espagne et les Espagnols », écrivait Pablo Echenique, un des principaux dirigeants de Podemos sur son compte Twitter. « Les amitiés des Bourbons sont un reflet fidèle d’une époque qui doit prendre fin », a estimé sur le même réseau Alberto Garzon, le patron de Izquierda Unida.
« La photo de la honte », a titré le quotidien conservateur El Mundo.
Lundi soir, un porte-parole de la famille royale a cherché à minimiser cette rencontre en affirmant qu’il s’agissait d’un « salut exigé par le protocole, sans signification institutionnelle et précédé d’aucune rencontre ».
Le roi Juan Carlos, de la dynastie des Bourbons d’Espagne, a abdiqué en 2014, après plusieurs scandales, en faveur de son fils Felipe VI, qui essaie depuis de redorer le blason de la couronne. Juan Carlos a des liens étroits avec la famille royale saoudienne, qui ont permis à l’Espagne de décrocher des contrats très importants dans le royaume wahhabite.
« Le roi émérite est obligé de respecter certaines formes, d’avoir une vision de l’Etat et de sentir ce qui est opportun, écrit El Mundo. Et en ce moment, il n’est pas opportun de se faire photographier ainsi avec le prince héritier saoudien ».
Selon des médias américains, la CIA n’a pas de doutes sur la responsabilité de Mohammed ben Salmane dans le meurtre de Khashoggi. Mais le président américain Donald Trump maintient que ses services de renseignements n’ont « rien trouvé d’absolument certain ».
Après avoir dans un premier temps nié la disparition du journaliste critique envers la famille royale, l’Arabie saoudite a fini par reconnaître sous la pression internationale qu’il avait été tué et démembré dans son consulat à Istanbul lors d’une opération « non autorisée ».