C’est bel et bien fini pour le Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimente l’Espagne en gaz algérien via le territoire marocain. Il s’agit de la première grande conséquence de la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et son voisin de l’Ouest.
L’éventualité du non-renouvellement du contrat d’exploitation du GME, qui expire le 31 octobre prochain, était dans l’air depuis plusieurs semaines. La partie marocaine a tenté d’influer sur la décision d’Alger en annonçant le 19 août sa disponibilité à renouveler le contrat.
| Lire aussi : Algérie – Maroc : « Il n’y aura ni médiation, ni arrangement »
« C’est notre volonté, telle que nous l’avons exprimée verbalement et par écrit, publiquement et dans les discussions privées, toujours avec la même clarté et la même constance », avait déclaré Amina Benkhadra, directrice de l’Office marocain des hydrocarbures. C’était cinq jours avant l’annonce officielle par Alger de rompre ses relations avec le Maroc suite à une série d’ « actes hostiles » et de « provocations » de ce dernier.
Les propos de Mme Benkhadra seront qualifiés de « mensonge » dès le 21 août par des « experts » anonymes qui se sont exprimés sur l’agence de presse officielle APS.
Le 26 août, c’est le ministre algérien de l’Énergie, Mohamed Arkab, qui a laissé entendre que le contrat ne sera pas reconduit. Arkab recevait l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Fernando Morgan, qui devait s’inquiéter de l’approvisionnement de son pays en gaz algérien.
Le ministre de l’Énergie avait assuré le diplomate espagnol de « l’engagement total » de l’Algérie de « couvrir l’ensemble » des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz.
Le Medgaz est le gazoduc qui relie directement l’Algérie à l’Espagne sans transiter par le territoire marocain. L’Algérie avait pris ses devants en renforçant sa capacité de transport de gaz.
Arkab n’avait pas annoncé officiellement la fin du transit du gaz algérien par la Maroc, mais une source diplomatique algérienne a indiqué à TSA ce mardi 7 septembre que les autorités algériennes ont tranché définitivement : le contrat d’exploitation du GME ne sera pas renouvelé.
Le gazoduc a été mis en service en 1996 et alimente l’Espagne et le Portugal en gaz algérien (12 milliards de mètres cubes par an, avec une quantité prélevée par le Maroc sous forme de droits de passage).
En plus d’un droit de passage de 58 millions d’euros payé chaque année à l’État Marocain, le GME assure 700 millions de mètres cubes de gaz aux centrales électriques marocaines.