Économie

Rénovation et modernisation d’Alger: l’Agence française de développement à la rescousse

L’Agence française de développement semble plus que jamais décidée à renforcer sa présence en Algérie, un pays qu’elle n’a pas quitté depuis un demi-siècle, même du temps du terrorisme.

La preuve ? La décision de réimplanter un directeur résident en Algérie et l’arrivée, en mai 2017, de Hervé Bougault avec « l’objectif clair de renforcer ce dialogue, d’aller vers des projets », a-t-il souligné, jeudi à l’occasion de la célébration du 50ème anniversaire de la présence de l’AFD en Algérie.

Autre fait qui reflète cette volonté de l’AFD de ‘’reprendre’’ pied en Algérie : le financement de projets d’une valeur de 12 à 15 millions d’euros.

« À partir de cette année on va ré-accélérer les choses et faire beaucoup plus, sur tous les projets (société civile, renforcement de capacités, délégation de financement de l’UE), et j’espère qu’on va arriver à 12 à 15 millions d’euros rien que pour cette année », a-t-il dit.

Un montant appréciable, mais qui reste loin de celui que l’AFD avait mobilisé avant 2004.

« Notre plus haut nombre d’engagements c’était quand on faisait des prêts, c’est-à-dire avant 2004. Entre 99 et 2004, on a mis 160 millions d’euros à peu près d’opérations prêts et 5 à 6 millions d’euros en subventions. Depuis 2005, on ne travaille qu’en subventions, donc là on a mis une dizaine de millions d’euros », a énuméré M.Bougault expliquant le peu de projets financés par son agence depuis 2005 par l’aisance financière qu’a connu l’Algérie avec l’augmentation du prix du pétrole qui a fait qu’il n’y a pas eu beaucoup de requêtes.

L’agence a-t-elle un droit de regard sur le suivi des projets qu’elle accompagne ? « Oui, on fait un suivi-évaluation assez régulier des projets. Quand le projet est achevé, on en fait une évaluation. Celle-ci est faite généralement par des cabinets installés en Algérie, en interrogeant les bénéficiaires. Au fait, on accompagne les autorités dans cette évaluation », a-t-il expliqué.

En plus de la mobilisation des financements, l’AFD intervient aussi dans l’expertise.

Explication de M.Bougault : « On peut aussi accompagner les autorités, les ministères ou les entreprises, dans l’établissement du cahier d’appels d’offres et donc dans le choix, mais en disant qu’”il y a telle ou telle structure, consultez là”, on n’est jamais prescripteur. On recommande toujours de faire un appel d’offre, le gré à gré on ne connait pas, et nos appels d’offres sont internationaux ».

Interrogé sur les prises de participation effectuées par son agence dans des entreprises algériennes, M. Bougault s’est défendu de faire de la concurrence aux banques ou aux fonds d’investissements.

« Il y des fonds d’investissements en Algérie, qui ont des capacités de financement importantes et il y a des banques qui ont, elles aussi, des capacités de financement importantes. On n’est pas là pour faire de la concurrence à cet écosystème financier. On n’est que sur des opérations où le système financier ne peut pas aller tout seul. Donc, on ne fera jamais de la concurrence aux banques. C’est clair et c’est un principe d’intervention », a-t-il expliqué

Avant de poursuivre : « c’est un peu la marque de fabrique de l’AFD, on est des artisans de financements et non pas des banquiers et un artisan trouve toujours des solutions ».

La décision du gouvernement algérien de ne pas recourir à l’endettement extérieur, ne générerait-elle pas quelque part l’activité de l’AFD ?

Sans ambages, M.Bougault réponds par la négative en indiquant : « c’est une décision souveraine des autorités algériennes, çà ne nous gêne pas. Ce n’est pas un problème pour nous ».

Pour revenir à l’activité de l’AFD en Algérie, elle a du pain sur la planche et son directeur résident a énuméré toute une palette de sujets d’intervention.

Elle accompagne, par exemple, le ministère de l’énergie et celui des finances dans « la mise en place de modèles économiques permettant de faire la prospective jusqu’à 2050 » qui nécessite « des outils de programmation et de projections (financières, sociales, consommation énergétique) » jusqu’à cette échéance.

« On est en train de négocier avec la direction de la prospective et des études au ministère de l’énergie. Les grandes variables qui vont être utilisées sont les prix des hydrocarbures, les émissions de gaz à effet de serre, la consommation énergétique et les engagements internationaux qui pourront s’imposer à l’Algérie surtout qu’ on parle de plus en plus de pays producteurs d’hydrocarbures qui devront garder une partie de leur production au sous sol et ne pas l’exploiter », a précisé le directeur de l’AFD Algérie.

Celle-ci est aussi sur le sujet des ville durables surtout qu’avec ses nouveaux quartiers et les nouveaux territoires ; Alger est, aux yeux de M.Bougault, « compliquée à vivre en terme de mobilité urbaine donc en terme de qualité de vie ».

Dans ce domaine, l’AFD travaille avec le ministère de l’Habitat, le ministère des Transports, la wilaya d’Alger et également le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire.

Dans son point de mire : les gares centrales d’Alger qu’elle accompagnera dans leur modernisation et les anciens quartiers d’Alger dont elle va participer, aux cotés de la wilaya d’Alger, à la rénovation.

Tout comme elle est dans le projet de la rénovation de la Casbah d’Alger avec la région d’Iles-de-France. « Nous accompagnons sur le plan architecture mais on aimerait bien aussi, on est en discussion, intervenir sur l’efficacité énergétique, faire des espaces verts, des espaces de circulation, repenser la vie de ces quartiers de manière à ce qu’ils soient agréables pour les gens qui y vivent », a souligné M.Bougault. L’opération pourrait-être élargie à Oran et Constantine qui vivent les mêmes problèmes qu’Alger.

Autre chose : l’AFD est en train de finaliser avec le ministère de l’Industrie et des Mines une délégation de financement de l’Union européenne pour « accompagner les petites et moyennes entreprises dans des procès de production, de distribution et de communication beaucoup moins énergivores, beaucoup plus respectueux de l’environnement ».

Une opération qui sera complétée par « un appui aux incubateurs, à la création d’entreprises et startups ».

L’AFD travaille aussi avec le ministère de la culture sur la préservation et la numérisation du patrimoine filmique en Algérie.

Pour le moment, l’AFD se contente d’un appui au ministère et aux structures qui s’occupent de ce patrimoine. Mais elle a d’ores et déjà dégagé une enveloppe de 100 000 euros pour pouvoir mener ce projet à bon port.

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