Le Square Port Saïd, à Alger, est, depuis ce mardi 8 janvier, ouvert au public. Lundi soir, l’espace, qui fait face au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) et à la basse Casbah, a connu une ambiance de fête pour la réouverture au public. Reportage.
Des femmes en haïk blanc, de la zorna, de la musique châabi, des jeunes artistes peintres face à leurs chevalets, un écran géant… Tout était prêt, ou presque, sous les ficus, les magnolias et les palmiers pour la cérémonie officielle de réouverture du Square Port Saïd.
Une cérémonie qui devait initialement se tenir en octobre 2018. Fermé depuis février 2017, cet ancien jardin d’Alger, qui regarde la Méditerranée, a subi des travaux de restauration avec utilisation de « matériaux authentiques », selon Abdelhakim Bettache, président de l’APC d’Alger, en charge du projet.
L’opération, dont le coût est de 190 millions de dinars (19 milliards de centimes), s’inscrit dans le cadre du plan de développement d’Alger qui va jusqu’à 2035. Le kiosque à musique, qui a des petits frères à Blida, Guelma et Sidi Bel Abbes, a été entièrement refait. « Le Square retrouvera ses activités. J’espère qu’il sera pris d’assaut par les artistes, les poètes et les hommes de lettres. C’est leur espace. Nous souhaitons que le kiosque accueille chaque fin de semaine des concerts et des récitals de musique châabi et andalouse, comme cela se passe dans les autres capitales du monde », a déclaré Abdelkader Zoukh, wali d’Alger. Le Square ne changera pas d’appellation, a-t-il affirmé.
« Ils ont oublié Mustapha Kateb »
Dans les quatre coins de la place, des bustes en bronze à l’effigie de Keltoum, Azzeddine Medjoubi, Abdelkader Alloula et Mohamed Boudia ont été installés accompagnés de textes retraçant leur itinéraire artistique dans le théâtre algérien. « Oui, mais, ils ont oublié Mustapha Kateb et Mahieddine Bachtarzi, les pères du théâtre algérien. Et puis, Azzeddine Medjoubi est né en 1945, pas en 1947. Medjoubi n’a pas joué dans la pièce “Babor Ghraq”. On n’a pas mentionné qu’Alloula et Medjoubi ont été assassinés par le terrorisme. On a écrit les mains de la trahison (ayadi el ghad’r). Le buste de Keltoum ne ressemble pas du tout à la comédienne. Les familles des artistes concernés n’ont pas été invités », a protesté le comédien Hamid Rabia.
« Nous allons rectifier les quelques erreurs commises dans la présentation des artistes. On doit être précis surtout pour les faits d’Histoire », a promis Abdelkader Zoukh. Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture, a, lui, parlé de « symboles » de l’art algérien. « Il s’agit d’artistes qui ont marqué leur passage dans le théâtre. Ces bustes ont leur place puisque le Square est en face du Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi. Les façades extérieures de la bâtisse du théâtre font l’objet de travaux de rénovation de la part de la wilaya d’Alger qu’on remercie », a-t-il souligné.
Soirée avec la Scala de Milan
Les invités ont pris place après la cérémonie de réouverture du Square Port Saïd, dans la grande salle du TNA, pour assister à un concert unique de la Scala de Milan, l’un des plus prestigieux opéras du monde. Parmi les présents, Abdelkader Messahel, ministre des Affaires étrangères, venu avec Ghassan Salamé, envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, en visite à Alger.
Mené par Paolo Carignani, l’orchestre a interprété pendant 100 minutes plusieurs extraits des Opéras du compositeur italien Giuseppe Verdi comme « La forza del destino », « Don Calos » et « Vespri Siciliani». Le chant lyrique a été exécuté par la soprano Anna Pirozzi, le baryton Simone Piazzola, le ténor Stefano Secco et le basse Riccardo Zanello.
« Nous avons choisi le programme musical présenté le 31 décembre 2018 à Milan. Le concert a été applaudi pendant douze minutes. Nous vous demandons, ici à Alger de faire plus », a lancé l’autrichien Alexander Pereira, directeur de la Scala de Milan, au public présent. La prestation des 73 musiciens a été fortement saluée à la fin du concert.
Selon le ministre de la Culture, l’Opéra d’Alger et le TNA ont signé une convention de partenariat avec la Scala de Milan pour des échanges de concerts mais aussi pour des programmes de formation pour les musiciens, interprètes et techniciens algériens. « Des techniciens spécialisés de la Scala de Milan nous ont fait quelques observations pour améliorer l’utilisation de la scène de l’Opéra d’Alger aux fins qu’elle réponde à toutes les exigences des spectacles et concerts », a déclaré Azzeddine Mihoubi.