Le coup d’envoi pour la rentrée scolaire 2022/2023 en Algérie a été donné mercredi 21 septembre par le ministre de l’Education nationale Abdelhakim Belabed à partir de Djanet.
Une rentrée qui a été marquée par le retour au système d’enseignement classique après deux années d’enseignement par groupe à cause de la pandémie de Covid-19.
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Parmi les nouveautés introduites au titre de cet exercice, l’enseignement de l’anglais pour les élèves de 3e année primaire et surtout l’introduction des tablettes dans le cadre des mesures visant à alléger le cartable pour les écoliers.
Cette opération sera progressivement généralisée à l’ensemble des établissements alors qu’elle concerne un nombre limité d’établissements cette année.
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Les syndicats de l’éducation émettent des réserves sur la pertinence de ces mesures avec les budgets inhérents, et ce au moment où les établissements scolaires souffrent des insuffisances liées au déficit en infrastructures, en matériels comme les chaises et les tables.
Les dépenses liées aux mesures liées à l’allègement du cartable par exemple suscitent des critiques acerbes de la part des syndicats qui auraient aimé voir l’argent alloué être orienté vers d’autres besoins comme assurer un nombre suffisant de classes, l’aménagement des écoles, etc.
La décision de doter les élèves de certaines écoles en tablettes est particulièrement décriée par le Conseil national des professeurs du cycle ternaire de l’éducation (Cnapeste). Ces tablettes ont été importées avec des devises puisque l’Algérie ne fabrique pas ce genre de produits, même si accessoirement, les emballages portent le nom d’une entreprise publique.
« Concernant le poids du cartable, cela fait vingt ans qu’on parle de le régler. À voir la façon par laquelle l’on s’y prend, le problème ne sera pas réglé. Il y a plus de 20 000 écoles, la mesure doit toucher tous les établissements et pas que certaines écoles comme celles qu’on montre à la télévision. On parle des photocopies des livres au niveau des établissements, quand on sait qu’il y a des millions d’élèves cela demande une enveloppe financière conséquente. Quand on parle des tablettes, il s’agit de budgets qui vont être dépensés. Aujourd’hui, du fait de l’incapacité à résoudre un simple problème qui est celui du cartable, on est en train de dépenser des sommes conséquentes d’argent, et à l’opposé les établissements sont en souffrance », expose le porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba.
« On n’a pas pu nettoyer les écoles au point d’organiser des campagnes de nettoyage, on n’a pas pu assurer la disponibilité des chaises, les tables…La situation est catastrophique au niveau des établissements scolaires », poursuit-il.
Boudiba affirme que les écoles ont besoin de nouvelles infrastructures. « Au lieu d’orienter cet argent pour couvrir ce déficit, on est en train de le dépenser dans un domaine qui est censé avoir été réglé il y a longtemps de cela », déplore-t-il.
« On s’en tient à des solutions conjoncturelles »
Le Cnapeste a fait des propositions dans le sens de la révision totale du système de l’enseignement notamment dans le cycle du primaire de telle manière à résoudre ce problème du poids du cartable et la surcharge du programme « aux racines », souligne le syndicaliste.
« Au lieu de cela, on s’éloigne des solutions radicales et l’on s’en tient à des solutions conjoncturelles qui ne feront que maintenir le problème. Nous estimons que les dépenses doivent être orientées et étudiées et qu’elles soient dédiés aux besoins essentiels de l’école », conclut-il.
Pour sa part, Boualem Amoura, SG du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) livre un constat similaire en jugeant que les fonds alloués à l’éducation devraient être utilisés « à bon escient ».
« On aurait pu dépenser ces sommes d’argent dans l’amélioration des conditions d’enseignement au profit des élèves. A deux jours de la rentrée, on a vu que des écoles étaient encore dans un état catastrophique. Des cantines ne sont pas encore ouvertes, et elles ne le seront pas. Le deuxième livre n’est pas encore acheminé dans les établissements scolaires. La majorité des écoles primaires n’ont pas encore de casiers. Ces sommes d’argent allouées à l’éducation doivent être utilisées à bon escient dans le sens de l’amélioration des conditions d’enseignement On est loin des rentrées où l’on vient le premier jour et on commence les cours », s’indigne-t-il.
Il rebondit sur les cérémonies marquant le premier jour de la rentrée des classes et consomment de l’argent qui aurait pu être utilisé pour améliorer la situation dans les établissements scolaires.
« Pourquoi on ne fait pas de visites dans les établissements tout au long de l’année et se contenter uniquement du jour de la rentrée ?», s’interroge-t-il.
Concernant l’introduction des tablettes, M. Amoura estime que cette mesure se heurte à un problème de taille lié à l’absence de couverture téléphonique dans certaines régions. Il cite le cas d’une wilaya du centre du pays où l’école choisie pour être un établissement pilote soit dépourvue de ligne téléphonique bien qu’elle ne soit pas loin du chef-lieu de wilaya.