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Réponse à la proposition du chef d’État major de l’ANP

Réponse à la proposition du chef d’État major de l’ANP

CONTRIBUTION. La proposition du chef d’État Major, de l’ANP est une contribution, parmi d’autres, à la solution de la crise politique que vit le pays, vue l’impasse dans laquelle il se trouve.

Elle arrive tardivement et ne répond pas pleinement à la volonté populaire largement exprimée. Mais il vaut mieux tard que jamais comme dit l’adage.

Cependant, elle est très importante car elle rappelle que cette grande Institution de l’état algérien, gardienne de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale du pays ne peut rester indifférente à la crise institutionnelle et politique que vit le pays, depuis le 22 février 2019, quand bien même pacifique à ce jour, dont les conséquences prévisibles seraient gravissimes pour le pays.

D’aucuns voudraient maintenir muette la seule institution, debout et unie, du pays loin du champ politique ! Ceci me parait absurde, vue les dérives auxquelles nous a conduit un système de gouvernance dévoyé qui a enfoncé le pays vers des horizons sombres aux conséquences graves et incalculables sur l’unité et la stabilité du pays et partant sur sa souveraineté chèrement acquise.

La proposition de l’ANP voudrait visiblement concilier, souci de conformité constitutionnelle et soutien au mouvement populaire pacifique qui a investi le champ politique, mouvement authentiquement national et nationaliste qu’elle ne voudrait pas voir récupéré et divisé. Un soutien, de plus en plus ferme, à travers des messages codés durant des jours et des semaines.

Cependant cette proposition, comme d’autres d’ailleurs, formulées par une partie de la classe politique et de l’élite intellectuelle attachées à l’esprit et à la lettre du texte constitutionnel, semble ignorer que nous sommes face à une situation révolutionnaire réelle mais pacifique qui exige le départ non négocié de tous ceux qui sont impliqués soit de manière volontaire, soit par leur soutien actif à la perpétuation d’un système qui a pourri et dégradé le pays, système de gouvernance dont ils ont largement profité en participant massivement à la dilapidation des ressources de la Nation.

Le règlement d’une telle situation, tout en restant fidèle à l’esprit et à la lettre de la constitution, exige de recourir à son article 12 qui stipule que : « l’Etat tire sa légitimité et la raison de son existence de la volonté du peuple. Sa devise est « avec le peuple et pour le peuple ». Constitution appelée au demeurant à être revue et corrigée.

Depuis plus de cinq semaines, le peuple ne cesse de manifester pacifiquement par millions de personnes, relié par toutes les couches sociales du pays pour réclamer le départ de tous ceux qui ont une responsabilité directe dans la situation de déliquescence que vit le pays, ainsi que leurs complices.

Il est anormal et paradoxal que dans une telle situation de crise majeure, on associe les prédateurs , à une œuvre de reconstruction nationale d’un édifice, à la dégradation duquel ils ont largement participé. Une telle démarche ne peut que répondre à leurs vœux et leurs attentes et susciter des doutes et des questionnements de la part de ceux qui demandent le changement du système de gouvernance qui a totalement et définitivement perdu la confiance des citoyens de ce pays.

Comment peut-on demander à des assemblées mal élues et usurpées par des personnes nommément désignées de corriger la situation et de participer à la réforme du système !?

Les révolutions populaires, aussi pacifiques soient-elles, ne peuvent se contentent de demi-mesures ou de solutions ambigües bâties sur des compromis contre nature. Le pays a tellement souffert des solutions partielles et des transitions sans fin, qui lui ont été imposées, sous divers prétextes. Le peuple entend prendre son destin en main, pour bâtir les fondements d’institutions pérennes d’un état de droit fort et juste jouissant de la confiance du peuple dont il tire sa légitimité non falsifiée.

Il appartient donc à ceux qui participent et s’identifient à cette revendication populaire dont la légitimité ne fait plus aucun doute, d’autant plus qu’elle a reçu le soutien franc et ferme de la seule institution qui a su se préserver de l’effondrement qu’on a voulu pour notre pays, de rechercher ensemble une autre perspective plus consensuelle, fondée sur l’esprit et la lettre de l’art 12 de la constitution qui a été manipulée et piétinée ; qui permettrait au pays de retrouver rapidement la paix , la sérénité et le chemin du progrès économique et social, pour le bénéfice de tous ses citoyens.

Pour cela, le pays regorge de citoyens compétents, honnêtes et intègres, qui ont été marginalisés, écartés ou poussés à l’exil et qui sont disposées, chacun dans son domaine d’excellence, d’apporter leur contribution à l’œuvre de reconstruction nationale.


 

*Membre de la Cour Internationale d’Arbitrage

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