Il y a des signes qui ne trompent pas. La grande agitation qui a gagné ces dernières semaines une bonne partie la classe politique algérienne, opposition et pouvoir, jusqu’ici confite dans l’attentisme (les clowneries d’Ould Abbes mises à part), avec à la clé quelques initiatives, est peut-être annonciatrice de grandes décisions qui dissiperont le flou qui caractérise jusqu’ici l’avenir immédiat du pays. C’est-à-dire le prochain rendez-vous électoral qui pointe déjà son nez.
Fait militant pour cette hypothèse : la multiplication de réunions des partis proches du pouvoir qui n’est certainement pas innocente et qui peut même laisser croire que les plans, concoctés dans des bureaux feutrés par les cercles de décisions pour gérer la prochaine étape, sont proches de la délivrance.
Mercredi, les chefs des quatre partis constituants l’Alliance présidentielle (FLN, MPA, RND et TAJ) se sont à nouveau rencontrés à la résidence de la République de Zeralda, à l’ouest d’Alger. Le choix de la ville de Zeralda où le président Bouteflika s’est retranché depuis son AVC en 2013 est assez symbolique et porteur d’un message politique : la réunion a eu l’onction du président. La réunion, révélée par TSA, n’a pas été confirmée officiellement. Mais elle a bien eu lieu.
De quoi a vraiment parlé tout ce beau monde ? De la nouvelle et inquiétante dégringolade des prix du pétrole qui risque de fausser tous les calculs du gouvernement et qui donne des sueurs froides à des pans entiers de la société déjà mis à rude épreuve par crise, dans un pays dépendant à 98% des hydrocarbures ? Certainement pas. Des prochaines Sénatoriales du samedi 29 décembre qui, reléguées au second plan, ne font apparemment plus saliver grand monde ? Non plus. Même si rien n’a filtré, ce sont plutôt des sujets d’une plus haute importance liés à la prochaine élection présidentielle qui, selon le calendrier, devait se tenir en avril de l’année prochaine.
Une première et c’est loin d’être un fait banal. D’aucuns assurent que les participants à ce sommet ont planché sur la question du report de la prochaine élection présidentielle. Le scénario qui serait retenu est celui-ci : avant même la convocation du corps électorale, le président Bouteflika appellera, via un lettre aux Algériens, à une conférence nationale souveraine à laquelle prendront part des acteurs de divers bords.
Les débats de ce cénacle donneront naissance à un projet de révision constitutionnelle profonde. “Tout sera mis sur la table à l’exception de l’identité nationale”, affirment nos sources. Le projet sera soumis à un référendum populaire. Durant toute cette période, le mandat du président sera prolongé. La décision de le prolonger devrait émaner de la conférence souveraine.
Le pouvoir a déjà commencé à préparer le terrain avec les partenaires étrangers : la stabilité du pays est plus importante que l’élection présidentielle.