L’ONU maintient la pression sur le pouvoir algérien. Elle hausse même le ton, sur la question des droits de l’Homme et la répression en Algérie.
Une semaine après avoir réclamé vendredi 6 février la libération « immédiate » des détenus du Hirak, le Haut-Commissariat des droits de l’Homme des Nations-Unies revient à la charge ce vendredi 5 mars.
« Nous sommes très préoccupés par la détérioration de la situation des droits de l’Homme en Algérie et par la répression continue et croissante contre les membres du mouvement pro-démocratique du Hirak », a déclaré Rupert Colville, un porte-parole du Haut-Commissariat lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, rapportent plusieurs médias.
Se basant sur des « rapports crédibles », M. Colville affirme qu’un millier de manifestants ont été arrêtés en Algérie pour avoir participé à des manifestations pacifiques ou critiqué le pouvoir sur les réseaux sociaux. Il précise qu’« au moins 32 individus sont actuellement détenus pour l’exercice légitime de leurs droits fondamentaux, et certains d’entre eux sont passibles de longues peines, tandis que d’autres sont toujours en détention provisoire ».
Plus grave encore, le Haut-commissariat des droits de l’Homme de l’ONU a évoqué les accusations de torture dont des détenus du Hirak comme Walid Nekiche affirment avoir été victimes après leurs arrestations par les services de sécurité durant les manifestations pacifiques.
Il affirme avoir reçu « des allégations de torture et de mauvais traitement en détention, y compris de violences sexuelles », et il appelle à cesser tout recours à la violence contre des manifestants pacifiques et « à mettre un terme aux arrestations et détentions arbitraires ».
Le Haut-commissariat de l’ONU demande à l’Algérie des enquêtes « rapides, impartiales et rigoureuses » sur les allégations de tortures et l’abrogation des textes de lois, adoptés pendant le Hirak, pour réprimer les manifestants pacifiques et la liberté d’expression.
L’agence onusienne réclame une nouvelle fois « la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées ou détenues arbitrairement pour leur soutien présumé au Hirak, et à abandonner toutes les charges retenues contre elles ».
L’ONU fait état de centaines d’arrestations de manifestants depuis la reprise des manifestations le 13 février dernier, et de 2500 personnes arrêtées en 2019 et 2020 pour avoir participé à des manifestations pacifiques.
Le Haut-commissariat des droits de l’Homme des Nations-Unies affirme aussi que le pouvoir algérien poursuit sa politique répressive qu’il a déployée en 2019 et 2020, contre des journalistes, blogueurs, militants, défenseurs des droits de l’Homme et de simples citoyens.
L’Algérie n’a pas réagi à la demande du Haut-commissariat de l’ONU de libérer immédiatement les détenus du Hirak. Après avoir décidé de libérer 59 détenus d’opinion, dont certains n’ont pas été encore jugés et risquent même de revenir en prison comme la militante Dalila Touat, le gouvernement algérien a poursuivi les arrestations des activistes du Hirak.