Politique

Reprise des cours à l’université : le RCD pointe des mesures incohérentes

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a fustigé, ce mercredi 18 août, les récentes décisions prises par le gouvernement concernant le secteur de l’enseignement supérieur, dénonçant une université algérienne « otage de la politique de bricolage » du gouvernement.

Début août, le ministère de l’Enseignement supérieur a fixé les modalités de reprise de l’année universitaire, via un protocole « cadre », rappelle le parti.

« Dans une logique comptable et de gestion de flux des étudiants, sans ne se soucier ni des normes pédagogiques ni des acquis des étudiants en matière de savoir et de formation, encore moins de l’éthique, il décide de clôturer l’année universitaire 2019/2020, dès début septembre et de valider le second semestre de l’année en cours en seulement deux semaines d’enseignement en présentiel », explique le RCD.

« Pour assurer ces deux semaines de présence des étudiants dans les campus et accueillir la communauté universitaire dans des conditions de sûreté sanitaire suffisante, une armada de mesures a été annoncée dans le cadre de ce protocole ‘’cadre’’, laquelle, nous dit-on, a été enrichie par les syndicats des enseignants et des travailleurs ainsi que des organisations estudiantines qui en majorité gravitent autour du pouvoir », détaille le parti.

« Ces mesures sanitaires bricolées, confrontées à la réalité du terrain, sont tout simplement irréalisables. Elles nécessitent, si on ne s’en tient rien qu’aux œuvres universitaires, que la flotte de bus réservée aux transports d’étudiants soit au moins quadruplée si on doit assurer une charge maximale de 25 étudiants par bus de 100 places, que les offres en matière de résidence universitaire soient au moins triplées », indique le RCD.

Une réserve de 45 millions de masques

Il ajoute : «Les restaurants universitaires se voient proposer une promotion en fast-food avec à la clé des chaines interminables compte-tenu de la distanciation sociale à respecter. Ceci nécessiterait, également, une mobilisation d’une réserve d’environ 45 millions de masques de protection (à raison de 02 masques par étudiant et par jour) et des quantités astronomiques de gel hydroalcoolique à mettre à la disposition des étudiants aux différents endroits des campus universitaires ».

« Coup de théâtre bricolé ou réfléchi c’est à voir ; sans explications et sans qu’il y ait un fait nouveau, le ministère de l’enseignement universitaire et de la recherche scientifique a, dans une note, en date du 16 août, adressée à la communauté universitaire, remis en cause toutes les décisions inscrites dans le protocole cadre », dénonce le RCD.

« Il efface d’un trait les deux semaines d’enseignement présentiel pour les remplacer par un enseignement à distance par internet, désavouant ainsi ceux qui ont élaboré le protocole. Compte tenu des inégalités (sociales) en termes d’accès aux réseaux internet, des moyens informatiques dérisoires dont disposent les étudiants, mais aussi d’une couverture internet très morcelée et d’un débit des plus faibles au monde, il est clair que le but est de justifier une nouvelle fuite en avant », fustige le parti.

Incohérences  

Le RCD a également critiqué sèchement les incohérences du gouvernement, le chef de l’Etat à leur tête, qui avait annoncé dans un communiqué du 9 août avoir « ordonné une inscription en doctorat pour tout étudiant titulaire de master qui le souhaiterait. Il annule de fait, les concours nationaux destinés à la sélection des candidats en feignant d’oublier qu’il faut garantir pour chaque étudiant inscrit en doctorat une place pédagogique, un sujet de recherche et un directeur de thèse de rang magistral dont le nombre ne saurait répondre aux milliers des demandes attendues », s’insurge le parti.

« Ces annonces d’ailleurs ont été annulées, 2 jours plus tard, par un communiqué « explicatif » du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui désavoue le chef de l’État ! », raille le RCD, qui estime que « l’ensemble de ces ‘décisions’ sont venues entamer le peu de crédibilité qui restait à l’université algérienne et ont mis dans le désarroi le plus total la communauté universitaire ».

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