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Restes des résistants algériens rapatriés : seuls 6 crânes seraient formellement identifiés

Restes des résistants algériens rapatriés : seuls 6 crânes seraient formellement identifiés

Les crânes restitués par la France à l’Algérie en juillet 2020 pourraient ne pas appartenir tous à des résistants algériens tués pendant la conquête coloniale. C’est ce que suggère une enquête du New York Times, qui indique par ailleurs que la restitution n’est pas encore « définitive ».

Les crânes étaient conservés au Musée de l’histoire naturelle à Paris depuis le milieu du 19e siècle. Ils avaient été emportés comme des « trophées de guerre » par les militaires français.

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Leur restitution a fait suite à un engagement du président Emmanuel Macron lors de sa visite en Algérie en 2017, dans le cadre de sa politique d’apaisement sur le litige mémoriel entre la France et l’Algérie.

La restitution solennelle a eu lieu début juillet 2020. Les 24 cercueils contenant les crânes ont été accueillis par le président de la République Abdelmadjid Tebboune à l’aéroport d’Alger.

Un hommage solennel leur a été rendu. Le 5 juillet, jour du 58e anniversaire de l’indépendance, les ossements ont été enterrés au carré des Martyr du cimetière d’El Alia, au cours d’une cérémonie officielle à laquelle avait également assisté le chef de l’État.

Plus de deux ans après le retour des crânes, le New York Times, se basant sur des documents du Musée de l’histoire naturelle et du gouvernement français, suggère dans une enquête publiée cette semaine que seuls six crânes sur les 24 restitués ont été identifiés comme étant ceux de résistants algériens. Les autres, soutient le journal américain, ne le sont pas ou sont « d’origine incertaine ».

Une restitution « bâclée » ?

Le journal américain met en cause une certaine célérité et confusion. Il indique que cette situation est due aux restitutions « secrètes, confuses et politiquement opportunes » qu’effectue la France pour ses anciennes colonies africaines.

C’est une restitution « bâclée, faite en catimini », soutient à propos des crânes rendus à l’Algérie, la sénatrice Catherine Morin-Desailly, citée dans l’enquête. C’est la présidence française qui aurait écourté les travaux du comité franco-algérien mis en place à cet effet, afin de pouvoir effectuer la restitution à la date symbolique du 5 juillet. Le comité avait alors identifié 24 crânes pouvant faire l’objet d’un rapatriement, sur un total de 45.

Autre révélation de l’enquête : l’accord algéro-français sur la restitution aurait buté sur la législation française qui stipule « le caractère inaliénable des collections nationales », ce qui nécessitait une loi d’exception pour ce genre de rapatriement. C’est pourquoi, toujours selon le New York Times, les deux parties se sont entendues sur une restitution provisoire « pour une période de cinq ans », en attendant un texte permettant la restitution définitive.

Contacté par Libération, l’historien Benjamain Stora, auteur d’un rapport sur les mémoires de la colonisation commandé par le président Macron, estime que quoi qu’il en soit, ces crânes ont contribué à faire connaître « l’horreur qu’a été la colonisation française » en Algérie.

L’historien reconnaît qu’il est difficile de faire la distinction entre « le résistant politique anticolonial » et « le bandit opposé à la colonisation ».

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