La dernière rencontre gouvernement-walis (24-25 septembre) a été l’occasion pour le président de la République et son Premier ministre d’étaler les avancées réalisées par l’Algérie au plan économique ces 30 derniers mois.
Abdelmadjid Tebboune et Aymene Benabderrahmane ont convergé sur le fait que l’économie algérienne est sur la voie du rétablissement.
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« Aucun voyant n’est au rouge », « il y a du dynamisme », « on va vers la force économique », a déclaré le chef de l’État dans son discours inaugural, samedi 25 septembre.
« Les prémices du rétablissement commencent à apparaître », « ces chiffres montrent que nous sommes sur la bonne voie », a soutenu pour sa part le Premier ministre.
Les chiffres sont en effet éloquents et dans une certaine mesure complètement inattendus au vu de la situation qui prévalait dans les premiers mois de la présidence Tebboune.
La balance commerciale de l’Algérie, déficitaire depuis plusieurs années, a enregistré un excédent de 14 milliards de dollars à fin août dernier, avec une prévision de 17 milliards à la fin de l’année 2022.
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Une performance due évidemment à la hausse des prix du pétrole et à la réduction des importations, mais aussi à l’augmentation significative des exportations hors hydrocarbures, qui se sont situées à 4,4 milliards de dollars à fin août et que le président et le gouvernement espèrent porter à 7 milliards à la fin 2022.
Le taux de croissance a aussi repris une courbe ascendante et Benabderrahmane a indiqué que l’objectif est de le maintenir au-dessus de 4%.
Le Premier ministre s’est aussi félicité de l’appréciation du dinar algérien et de la hausse « sensible » des réserves de change, sans toutefois en préciser le niveau.
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« Une partie de ces indicateurs est due à l’amélioration de la performance économique globale », mais aussi et « essentiellement à la sagesse du président dans la gestion des affaires de l’État en redynamisant les secteurs moteurs de la croissance », a expliqué M. Benabderrahmane, devant les walis. Parmi les outils de cette politique, « la maîtrise des importations », a-t-il précisé.
Une approche simple
Le premier ministre a défendu la nouvelle orientation du commerce extérieur qui, selon lui, vise à « rationaliser » et « non bloquer les importations », afin de « protéger le produit national et instituer un tissu industriel et agricole ».
« L’État n’est pas contre l’importation mais contre le gaspillage », a-t-il soutenu. Étayant son propos, il révèle qu’en 2014, la facture des importations s’est élevée à 64 milliards de dollars alors que les besoins du pays n’excédaient pas 25 milliards.
Il a expliqué qu’une partie de cette facture a été engloutie par les surfacturations et l’autre par des importations inutiles, sans donner de chiffres précis sur l’ampleur de la surfacturation et des produits importés et dont l’Algérie n’avait pas besoin.
Un tel écart nécessitait évidemment la prise de décisions fermes, comme l’assainissement de la liste des importateurs pour lutter contre le phénomène des surfacturations, principal facteur de la saignée des devises du pays.
Toutefois, si les chiffres avancés par le gouvernement et ce, en l’absence d’un organisme indépendant pour les vérifier, sont indéniables, les prouesses dont il est question sont en fait la résultante d’une approche bien simple : réduire les importations en attendant la remontée des cours des hydrocarbures, qui a fini par survenir dans le sillage de la guerre en Ukraine.
Même s’il faut reconnaître que les exportations hors hydrocarbures ont atteint un niveau jamais vu, il reste que l’amélioration des indicateurs, du moins celui de la balance commerciale, est due essentiellement à la conjonction de la remontée des cours du baril avec la restriction drastique, voire totale, pour ce qui est de certains produits, des importations.
Et c’est cette obsession à baisser la facture coûte que coûte qui est le plus discutable.
Car si l’Algérie a pu stopper la saignée des réserves de change, elle l’a fait aussi au prix du blocage total de l’importation des véhicules pendant plusieurs années de suite et des restrictions plus ou moins drastiques pour l’entrée sur le marché national de plusieurs produits dont les médicaments, les téléphones portables, les jouets pour les enfants, les pièces de rechange pour les voitures et autres équipements…
Ces pénuries ont provoqué des hausses vertigineuses des prix de certains produits comme les téléphones, les pièces de rechange et les voitures, alors que pour les médicaments, de nombreux algériens sont obligés de les ramener dans des cabas de l’étranger ou de les acheter au marché noir en Algérie.
La pléthore et l’interférence des décisions, et la difficulté parfois à les interpréter, ont fait qu’il est arrivé que la pénurie touche jusque certains intrants indispensables à faire tourner l’outil de production.