Née en 1968 à Alger, Yasmine Belkaid va prendre en janvier 2024 les rênes de l’Institut Pasteur, l’un des laboratoires et centres de recherches les plus prestigieux au monde.
Retour sur le parcours hors du commun d’une femme algérienne partie à la conquête du monde de la recherche scientifique.
Sa famille est originaire de Tlemcen, elle grandit à Alger. Son père n’est autre que Aboubakr Belkaid, figure politique importante, plusieurs fois ministre en Algérie qui a été assassiné par des terroristes en septembre 1995.
Yasmine Belkaid vue par ses proches
Yasmine Belkaid se passionne dès son jeune âge pour la science et les innovations technologiques.
”Elle m’a toujours raconté qu’elle voulait devenir scientifique dès son enfance”, témoigne sa fille dans une vidéo de présentation partagée sur le réseau social LinkedIn.
Son mari ajoute que “ la science a toujours été sa passion, elle y pense à longueur de journée”.
Après un baccalauréat scientifique, Yasmine Belkaid s’engage dans des études de biologie à l’Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (USTHB) de Bab Ezzouar à Alger, où elle obtient un Master en Biochimie.
Décidant d’aller en France poursuivre ses études, elle y décroche coup sur coup un DEA (Diplôme d’étude approfondie) en immunologie à l’Université Paris Sud et un Doctorat où elle avait étudié à l’Institut Pasteur les réponses immunitaires innées à l’infection par le parasite Leishmania.
Comprendre le système immunitaire
Comme beaucoup de chercheurs en Europe, Yasmine Belkaid opte pour les Etats-Unis pour continuer ses recherches post-doctorales, moyens financiers et matériels oblige. Elle s’y installe comme chercheuse puis comme professeure spécialisée dans l’étude du système immunitaire.
Depuis dix ans, elle travaille au National Institute of Health à Washington sur “la relation entre le système immunitaire et le microbiote”.
Un travail qui lui tient à cœur. Dans une interview accordée après avoir reçu le prix Sanofi-pasteur, elle confie : “C’est une grande joie d’aller au laboratoire tous les matins, de ne pas savoir ce qui va se passer, chaque journée est différente, chaque personne qu’on rencontre est différente, on sait jamais quel type de découvertes va se produire, et on sait pas à quel point notre trajectoire scientifique peut changer“.
Ses travaux lui ont d’ailleurs permis d’élargir son spectre de recherche. “Aujourd’hui mes recherches m’ont menés dans différentes directions, pas forcément celles que j’avais prévues. Elles vont par exemple dans la direction de comprendre l’impact de la nutrition ou des infections qu’on a pu avoir dans l’enfance sur notre système immunitaire”, confie-t-elle.
Reconnaissance internationale
Ses apports scientifiques et sa compétence lui ont valu la reconnaissance de la communauté scientifique américaine et internationale. En 2013, Yasmine Belkaïd reçoit la médaille d’or de l’Union internationale de biochimie et de biologie moléculaire, et en décembre 2016, aux côtés de trois autres lauréats, elle reçoit le prix Sanofi de l’Institut Pasteur, qu’est décerné tous les 5 ans aux “personnes qui innovent dans les sciences du vivant et la recherche biomédicale”.
Des accomplissements ne l’ont cependant pas grisée, elle tient à souligner que “la recherche est avant tout un travail en équipe, de dialogue et de communication”. A la tête d’une équipe de chercheurs, elle ajoute : “J’apprends beaucoup plus des gens avec qui je suis qu’ils n’apprennent de moi”.
Une humilité et un sens du collectif qui l’honorent et qui présagent un avenir encore brillant pour cet enfant de l’école algérienne, à commencer par sa mission à la tête de l’Institut Pasteur dès janvier 2024.