Le sénateur Abdelouahab Benzaim relance le débat sur les retraites dorées des cadres de l’État, des anciens ministres et ex-élus algériens. Pour cela, il prend une initiative qui risque de mettre en plus dans la gêne les bénéficiaires du Fond spécial des retraites.
« Je renonce officiellement à ma pension (d’élu) et je ne demanderais pas cette retraite jusqu’à mes 60 ans, à ce moment-là j’irai faire valoir mon droit comme tous les autres », a-t-il annoncé ce samedi 27 mars.
« En 2017, j’étais président de commission au Conseil de la nation, je touchais à ce titre une prime de 40 000 DA et un salaire brut de 270 000 DA. Une fois déchargé de cette mission, j’ai perdu cette prime. Actuellement je touche à peu près 260 000 DA et je continue à travailler », explique-t-il.
| Lire aussi : Retraites dorées : Soufiane Djilali répond à Benzaim qui réplique
« Dès que je termine mon mandat, je ne demanderai jamais une retraite ni anticipée ni proportionnelle, même si c’est un droit qui existe, et jusqu’à mes 60 ans si Dieu me prête vie », s’engage le sénateur du FLN dans une déclaration exclusive à TSA.
Les précédentes déclarations du parlementaire dénonçant les privilèges des ex-cadres supérieurs de l’État et des ex-élus qui bénéficient de retraites dorées, ont suscité des réactions multiples. Elles ont choqué l’opinion publique, alors que la Caisse nationale des retraites enregistre un déficit abyssal de 700 milliards de dinars par an.
Après avoir accusé les ex-membres de l’ex-Conseil national de transition (CNT), de percevoir une retraite de 400.000 DA (montant brut), citant entre autres le président de Jil Jadid Soufiane Djilali et la présidente de l’UCP et avocate Me Zoubida Assoul, Benzaim en remet une couche.
Il cite aussi l’exemple de Karim Tabbou, ex député du Front des forces socialistes (FFS), de toucher une retraite d’ancien élu de l’APN d’un montant de 60.000 DA net et ce « à vie ».
« A 44 ans, il touche sa retraite anticipée. Il bénéficie d’un salaire de 10 millions de centimes brut (100.000 DA) et de 6 millions de centimes nets (60.000 DA) et ce à vie », a déclaré Benzaim.
Après avoir lancé le débat autour du fonds spécial de retraite (FSR), dédié aux cadres supérieurs, anciens ministres et autres ex-élus, symbole d’une injustice sociale, Benzaim s’est vu reprocher des visées électorales (législatives du 12 juin) ou encore de nourrir une ambition pour un poste de ministre.
| Lire aussi : Retraités algériens : poches vides et cœur plein d’amertume
Le sénateur dément et assure qu’il ne vise pas des personnes en particulier. « Pour le cas de Karim Tabbou, c’est en réponse à une question d’une journaliste (DZ News, ndlr) », se défend le sénateur.
Certaines personnalités politiques comme M. Djilali et Mme Assoul ont annoncé des actions en justice à l’encontre du sénateur suite à ses accusations. « Je parle d’acteurs politiques publics. Pourquoi dans les pays occidentaux, on juge normal que des sénateurs et autres élus soient cités dans des affaires d’emplois fictifs et pas chez nous ? » se demande Benzaim qui assure que cette question concerne aussi bien des personnalités de l’opposition que celles qui se revendiquent du camp du pouvoir.
Benzaim joue la transparence et rappelle l’importance de son action de dénonciation des retraites dorées. « Je suis élu sénateur en janvier 2016 et j’ai publié ma fiche de paie en tant que président de commission (commission des finances du Sénat). Des médias étrangers comme Le Figaro et Jeune Afrique ont relevé que je suis le seul responsable politique depuis l’Indépendance en 1962 à avoir déclenché cette alerte et qui a rendu publique sa fiche de paie », se vante le parlementaire.
M. Benzaim réitère son appel aux plus hautes autorités afin de réviser le système des retraites anticipées et proportionnelles jugeant « anormal » le fait que des élus d’à peine 40 ans touchent une confortable retraite anticipée à vie, au moment où d’autres couches sociales « versent sang et sueurs » pour une modique retraite.
| Lire aussi : Retraites : « Un ex-haut responsable de l’État prend indûment le droit de 200 salariés »
Le sénateur FLN donne son point de vue sur le type de réforme qu’il faudra engager. « Je propose qu’un député soit détaché de son travail et en sa qualité de parlementaire et que lui soit versée une prime. Au terme de son mandat, il retournera à son travail d’origine et ce jusqu’à ses 60 ans », propose le sénateur qui considère qu’« un mandat électif n’est pas un travail ».
Il promet qu’il ne se représentera pas aux prochaines législatives, pas plus qu’il ne nourrisse une ambition en vue d’une carrière dans la haute administration comme le poste de ministre.
Et à ceux qui lui reprochent de s’être tu pendant des années pour dénoncer cette injustice sociale, Benzaim rétorque : « Je suis entré au Sénat en 2016 et j’étais en guerre avec Ould Abbes (ancien SG du FLN, ndlr) qui m’a radié du parti. J’ai engagé un bras de fer avec Nouria Benghabrit – ancienne ministre de l’Éducation nationale, ndlr) », se justifie-t-il tout en revendiquant qu’il mène « un combat pour la République et pour la justice sociale ».