Un rôle plus accru aux élus, ligotés jusque-là par l’actuel code, un renforcement de la décentralisation, prémisses à la réforme de l’administration territoriale, et l’implication du citoyen à la prise de décision figurent parmi les principales recommandations des ateliers ayant planché sur plusieurs thématiques durant les deux jours de la rencontre Gouvernement-walis qui s’est achevée ce lundi.
Nouvelle vision économique
Plaidant pour un plan de développement local, à même de servir de « plan stratégique pour le développement à court et à moyen terme », les participants à l’atelier « améliorer la vie du citoyen » ont recommandé l’adoption de dispositions législatives « plus claires et plus strictes » pour amener les collectivités locales à préparer, dans les meilleures conditions, leurs plans de développement, selon le compte-rendu de l’agence officielle.
Il s’agit aussi de mettre en place les mécanismes nécessaires afin d’aboutir à une banque de données d’indicateurs économiques et sociaux et de numériser en même temps la base de données relative aux besoins et préoccupations des citoyens, d’après la même source.
Ils ont aussi appelé à adopter une vision économique créatrice de richesses et d’emplois, tout en encourageant le partenariat entre les secteurs public et privé ainsi que l’université et les instituts de recherche, ajoute-elle.
Outre la clarification de la « responsabilité des différentes parties » au niveau local et à « conférer un rôle plus important aux élus », les participants ont également plaidé pour le « renforcement de la décentralisation » et l’ « implication des citoyens à la prise de décision ».
Autre recommandation : la création d’un mécanisme pour le financement des programmes de développement local ainsi que la recherche de mécanismes nouveaux à même d’améliorer le recouvrement des impôts.
Digitalisation
Pour leur part, les participants à l’atelier intitulé « la digitalisation et l’intelligence collective, leviers d’un nouveau service public local », ont plaidé pour la généralisation de la numérisation afin de rendre performant le service public et de parvenir à une administration électronique.
Une perspective qui devrait s’appuyer sur un cadre législatif et réglementaire. « L’objectif de la numérisation tous azimuts des services des collectivités locales consiste à permettre aux citoyens de retirer les documents de l’état civil en ligne et de mettre un terme aux pratiques et lourdeurs bureaucratiques », souligne la même source.
« Il a été aussi recommandé d’accélérer le processus de digitalisation en vue de parvenir à une administration dématérialisée avec zéro papier », selon la même source.
Il s’agit aussi d’encourager les startups pouvant intervenir dans le service public, de former le personnel de l’administration locale aux nouvelles technologies et de créer des cellules d’écoute et de veille en ligne de « manière à s’adapter aux mutations de la société connectée ».
« Fermeté dans la délivrance des permis »
Sujet d’inquiétude de l’heure, au regard du nombre d’accidents occasionnant de nombreuses pertes en vie humaine, la sécurité routière a été également au centre des préoccupations des participants à l’atelier : «la mobilité et la sécurité routière ».
C’est ainsi qu’ils ont préconisé la révision de la qualification des moniteurs, un surcroit de rigueur et de fermeté dans la délivrance des permis de conduire notamment pour les chauffeurs des véhicules poids-lourds et de transport en commun et la révision à la hausse des amendes des contraventions.
Tests psychologiques de manière régulière aux chauffeurs de transport public, entretien des routes, généralisation de la signalisation, un cahier des charges rigoureux pour l’acquisition des véhicules et des pièces de rechange, réduction de la durée du contrôle technique et la généralisation à d’autres villes et quartiers du métro et du tramway ainsi que les chemins de fer de manière à « dissuader les automobilistes à utiliser leurs véhicules personnels et réduire ainsi le risque d’accidents de la circulation », sont autant d’autres recommandations suggérées.
Foncier : « éliminer la pluralité des centres de décision »
Autre facteur clé du développement et entrave souvent à l’investissement, la question du foncier a été également au cœur des travaux de la rencontre.
C’est ainsi que les participants à l’atelier « la gestion rationnelle du foncier économique libéré de toute entrave » ont plaidé en faveur de l’élaboration d’une loi cadre relative au foncier en vue d’ «unifier et de simplifier le système législatif en la matière ».
Cette suggestion intervient après le constat de l’existence de « pluralité des centres de décision dans ce domaine, en sus de la multiplicité, le chevauchement et instabilité des textes ».
Selon l’agence officielle, ils ont également insisté sur l’importance de mettre en place un barème pour la sélection des projets par les autorités locales, à travers l’adoption de normes claires et précises, axées sur la création de richesse, de l’emploi et la production de biens et services alternatifs à l’importation, la réalisation d’un taux d’intégration industrielle et d’un niveau d’autofinancement en sus de l’innovation et de la numérisation.
Démocratie participative
Autres recommandations : la création de banques de données à même de fournir différents indicateurs aux wilayas pour un meilleur choix de projets, l’association des opérateurs privés dans la gestion et la réhabilitation des zones industrielles, le recours aux procédures d’enchères publiques pour l’octroi du foncier en dehors de ces zones et la protection du foncier à travers la possibilité de sa récupération en cas de non lancement du projet dans les délais impartis.
Par ailleurs, les participants à l’atelier sur « la Gouvernance rénovée et maîtrise de l’expansion urbaine » ont appelé à la consécration du principe de la démocratie participative à travers l’association des citoyens à la politique d’urbanisme.
Dans ce contexte, ils ont plaidé pour l’actualisation des cadres législatifs relatifs à l’urbanisme et l’adoption d’outils plus efficaces pour le suivi des délais, des coûts et de la qualité de réalisation et la classification des bureaux d’étude ainsi qu’un recensement global des constructions.
Enfin, concernant le dernier atelier, « les régions à développer entre ambition de renaissance et obligation d’attraction », les participants ont jugé nécessaire de faire le diagnostic des besoins de chaque région et ont recommandé la création d’un fonds spécial pour les régions montagneuses.
Outre la réalisation de routes pour le désenclavement des régions isolées, ils ont préconisé de définir des mesures incitatives au profit des jeunes porteurs de projets dans ces régions.
« Tous les responsables, à tous les niveaux, sont désormais appelés à l’action de proximité, à se rapprocher des citoyens et à une prise en charge optimale de leurs préoccupations, loin des fausses promesses », a insisté à la clôture de cette réunion, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Kamel Beldjoud.