Politique

Révision de la constitution : ce qu’il faut retenir du scrutin

Le référendum sur le projet de révision constitutionnelle s’est tenu ce dimanche 1er novembre. Après avoir été adopté par les deux chambres du Parlement, le projet a été approuvé par référendum à la majorité absolue (plus des deux tiers des suffrages exprimés). Voici ce qu’il faut retenir de ce scrutin tenu dans une conjoncture exceptionnelle.

Un taux d’abstention record

Le taux de participation au référendum du 1er novembre est le plus faible jamais enregistré dans une consultation électorale en Algérie. Seuls 23.72 % des inscrits sur le fichier électoral se sont déplacés dans les bureaux de vote, soit 5.6 millions d’électeurs. Les suffrages exprimés s’élèvent à un peu plus de 5 millions, sachant que plus de 600 000 bulletins ont été déclarés nuls. Le taux d’abstention est de plus de 76 %, un record. Il s’agit d’un net recul par rapport à la présidentielle du 12 décembre 2019 qui avait connu un taux de participation de 40 %. En l’absence de sondages, difficile de dire que le mot d’ordre des activistes du hirak et d’une frange de la classe politique est largement suivi.

Une conjoncture exceptionnelle

Le référendum est survenu dans une conjoncture exceptionnelle à tous points de vue. Après une accalmie pendant la deuxième partie de l’été, la pandémie de Covid-19 connait une nette recrudescence en Algérie avec une moyenne de 300 nouvelles contaminations quotidiennes.

Le Comité scientifique de suivi de l’évolution de l’épidémie de Covid-19 a néanmoins donné son accord pour la tenue de la consultation, après avoir mis en place un protocole sanitaire.

La conjoncture est aussi marquée par la poursuite sous d’autres formes de la contestation du Hirak malgré la suspension des marches populaires au printemps dernier. Enfin, le vote a eu lieu en l’absence du président de la République, hospitalisé en Allemagne, depuis mercredi dernier. Abdelmadjid Tebboune a voté par procuration, par le biais de son épouse.

« Aucun problème juridique »

Le projet de révision a été adopté par plus des deux tiers des suffrages exprimés (66.8 %). Le non a obtenu 33.2 %. Bien que la participation n’a pas été forte, cela « ne pose pas de problème, ni sur le plan juridique ni sur le plan constitutionnel », a indiqué le président de l’autorité électorale, Mohamed Charfi. « Dans la législation algérienne, il n’y a pas un seuil qui valide ou annule un scrutin », a-t-il expliqué. Il ne reste donc plus que l’annonce des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel et sa promulgation par le chef de l’État pour que la nouvelle Constitution entre en vigueur.

Nette défaite des partisans du « non »

Parmi ceux qui ont appelé à voter « non », il y a certains partis islamistes (MSP et FJD) et une frange opposée à la constitutionnalisation de tamazight. Au final, le mot d’ordre n’a été suivi que par 1.6 million de votants, selon les résultats officiels.

C’est, au plus, ce que pèsent, dans la conjoncture actuelle, les deux principaux islamistes en Algérie et le courant hostile à l’une des composantes de l’identité nationale. La majorité de ceux qui se sont rendus dans les bureaux de vote ont répondu à l’appel du pouvoir et de ceux qui soutiennent sa démarche. Pour beaucoup, la cohésion et l’unité nationales sont les autres grands vainqueurs de ce scrutin.

Les résultats sont à la hauteur de son attente dans un contexte particulièrement contraignant marqué par les mesures préventives de lutte contre le Coronavirus (COVID-19)“, a commenté la Présidence de la République dans un communiqué. “En ce moment historique, les citoyens et les citoyennes ont encore une fois exprimé l’attachement du peuple algérien à son unité nationale, à la crédibilité de ses institutions et à sa souveraineté pleine et entière“, a ajouté la présidence.

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La Kabylie n’a pas voté

Encore une fois, les wilayas de la Kabylie, notamment Tizi-Ouzou et Béjaïa, se sont distinguées par des taux de participation proches de zéro, rééditant le scénario de la dernière présidentielle.

La région a l’habitude d’enregistrer les plus faibles taux de participations aux scrutins électoraux, mais on n’a jamais assisté par le passé à un tel rejet total, pas même lors de la crise du printemps noir au début des années 2000.

« Nous publions les résultats par wilaya, quel que soit le taux de participation. Nous sommes avec la transparence totale. Nous ne faisons aucune différence entre une région et une autre. Le citoyen a exprimé son opinion en toute liberté », a déclaré Mohamed Charfi.

 Très peu d’incidents et de contestations

Malgré les multiples appels au boycott et la conjoncture exceptionnelle dont laquelle survient le scrutin, très peu d’incidents ont été signalés. Quelques heurts ont été signalés dans certaines localités en Kabylie, mais le vote s’est déroulé globalement dans la sérénité. De même que, pour la première fois peut-être, très peu de voix contestent les résultats annoncés par l’Anie, y compris parmi les partisans du boycott ou dans le camp du « non ».

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