Ali Ghediri ne croit pas au risque d’une prise de pouvoir par les islamistes, comme le suggère le discours des partisans du pouvoir. Pour le général à la retraite, « le pouvoir n’a eu de cesse d’agiter l’épouvantail islamiste pour dissuader les Algériens de descendre dans la rue, au prétexte que l’on pourrait repasser les mauvais moments connus dans les années 1990 ». « Ce qu’il y a lieu de rappeler, en l’espèce, est un constat : l’islamisme a été vaincu militairement et politiquement », a ajouté l’ancien candidat à l’élection présidentielle dans un entretien, ce vendredi 22 mars à l’agence russe Sputnik.
Lors de sa mini-tournée en Italie et en Allemagne, Ramtane Lamamra a tenté de mettre en garde contre le risque d’une prise de pouvoir par les islamistes en cas de transition non-contrôlée par le pouvoir. Il a également agité la menace d’une crise migratoire majeure.
« Les islamistes ont compris qu’ils n’ont de place dans cette Algérie qu’en se conformant à l’ordre établi. C’est bien dans la démocratie qu’ils peuvent jouir de la liberté politique, sans pour autant chercher à imposer, par la violence, leur point de vue au reste de la population. C’est une question réglée. Nous l’avons fait dans la violence et dans le sang, mais nous l’avons réglée », a détaillé Ali Ghediri.
« Cela ne veut pas dire que l’on doit baisser la garde ou que l’on ne doit pas rester vigilants. Il n’en demeure pas moins qu’objectivement, c’était beaucoup plus un alibi pour limiter le droit des manifestants à la contestation, et dont le pouvoir a usé et abusé », a-t-il précisé.
Ali Ghediri s’est dit « étonné » par la tournée de Lamamra en Europe. « D’habitude, les Algériens —et tous les régimes politiques qui se sont succédé au pouvoir- ont toujours fait montre d’une certaine jalousie au regard de leurs problèmes internes, en refusant d’en faire un enjeu international. Or, en ce moment, au lieu de parler entre Algériens, on envoie des émissaires pour recueillir l’avis ou le soutien de pays amis ou de partenaires étrangers. C’est une nouveauté dans la pratique politique algérienne », a-t-il dit.
L’autre argument de Lamamra ne convainc plus Ali Ghediri. « L’Algérie n’a pas été un grand fournisseur de migrants vers l’Europe dans les années 1990, c’est-à-dire, au pic de la violence et alors que le sang coulait. L’immigration ne s’est accentuée en atteignant des proportions inquiétantes que depuis que Bouteflika est là. Malgré l’aisance financière et toutes les conditions favorables dont disposait le pouvoir, les Algériens s’étaient mis à quitter le pays en masse sur des embarcations de fortune. Donc, la source de l’immigration, c’est la politique du pouvoir. On remarque aussi que, depuis le début des manifestations, les flux migratoires ont drastiquement baissé. Il y a donc matière à relativiser les choses ».