Alors que la situation sanitaire liée à la pandémie de coronavirus semble stable depuis fin décembre en Algérie, des spécialistes commencent à s’inquiéter de l’éventuelle arrivée des variants du Covid-19.
Le professeur Mustapha Khiati, président de la Forem, lance l’alerte. Il prévient contre « l’importation du variant anglais du Covid-19 » en Algérie, ce qui constituerait un « véritable problème » de santé publique pour le pays.
Le Pr Khiati fait référence aux vols de rapatriement en provenance d’Europe. « Il y a un problème réel de la possibilité d’importer le variant anglais qui est plus contagieux. Et les études conduites dans ce pays ont prouvé qu’il (le variant) plus mortel », prévient le Pr Khiati. Ce variant se transmet de 30 à 70 % plus facilement, et le Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré vendredi 22 janvier que le variant anglais du Covid-19, qui est présent dans une soixantaine de pays, « peut être lié à un degré plus élevé de mortalité ».
« Il est impératif de faire recontrôler avec des tests PCR à l’aéroport d’Alger »
« Il semble (également) maintenant qu’il existe des preuves que le nouveau variant, qui a été identifié pour la première fois à Londres, et dans le sud-est (de l’Angleterre), peut être lié à un degré plus élevé de mortalité », a déclaré Boris Johnson.
Le variant anglais du Covid-19 a « amené l’Europe à rediscuter d’un retour aux frontières nationales. Cette situation nous oblige nous-mêmes à prendre des décisions rapides », soutient le Pr Khiati.
Sans aller jusqu’à demander la suspension des vols de rapatriement, le Pr Khiati estime nécessaire un double contrôle au départ et à l’arrivée. « Si on ne peut pas suspendre les rapatriements qui sont en cours, tout au moins devrions-nous mettre en place un contrôle PCR au niveau de l’aéroport d’Alger à l’arrivée. Non seulement des examens PCR de moins de 48h doivent-ils être exigés pour tous les voyageurs qui prendront les vols, mais également il est impératif de les recontrôler avec un test PCR à l’arrivée à Alger », recommande-t-il.
« Aucun séquençage n’a été effectué en Algérie »
Le second point sur lequel le Pr Khiati a souhaité insister, c’est le séquençage du virus pour détecter les souches en circulation dans le pays. « Il n’est pas normal aujourd’hui qu’on ne sache pas ce qui se passe sur le plan épidémiologique en Algérie, autrement dit quels sont les virus qui sont en circulation dans le pays », critique le président de la Forem.
Il explique que « depuis le début de la pandémie de la Covid, aucun séquençage n’a été effectué en Algérie, alors que l’on sait que certains laboratoires disposent de séquenceurs ».
Pour lui, le séquençage est une urgence. « Aujourd’hui, il y a nouveau variant, il va falloir le détecter très rapidement et ne pas être obligé d’envoyer des prélèvements à l’étranger », suggère-t-il.
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Réaménagement du protocole thérapeutique
Par ailleurs, Mostefa Khiati propose que le réaménagement du protocole thérapeutique algérien adopté depuis une année pour traiter les malades atteints du Covid-19.
« Il existe d’autres produits qui paraissent intéressants et qui sont connus en Algérie pour avoir été utilisés pour les antiparasitaires notamment l’ivermectine », explique le Pr Khiati.
Commercialisé depuis plus de trente ans, cet antiparasitaire est présenté par certains comme le nouveau remède miracle contre la Covid-19, mais à ce jour son efficacité n’a jamais été démontrée en traitement sur l’humain.
« L’ivermectine est intéressante d’autant qu’il est administré en une seule prise, sans être étalé sur plusieurs jours (contrairement à l’hydroxychloroquine, ndlr). Il serait intéressant que le protocole thérapeutique algérien soit réaménagé. Et de voir si on peut améliorer davantage l’état des malades en introduisant cette molécule qui a montré son efficacité, en ajoutant aussi la vitamine D qui semble être de plus en plus intéressante », développe-t-il.
Officiellement, l’Algérie n’a enregistré aucun cas des variants du Covid-19 qui sont apparus dans plusieurs pays dont le Royaume-Uni et l’Afrique du sud.
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