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Riyadh Season en pleins massacres en Palestine : l’attitude de l’Arabie saoudite critiquée

L’Arabie saoudite a maintenu son festival annuel Riyadh Season malgré la gravité de la situation en Palestine où la population de la bande de Gaza est bombardée quotidiennement par l’armée israélienne depuis plus de trois semaines.

Le royaume du Golfe allait rejoindre le club des pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël, mais les attaques du Hamas du samedi 7 octobre et la guerre contre Gaza qui a suivi ont provoqué la suspension du processus.

En septembre dernier, le prince héritier Mohamed Ben Salmane (MBS) avait annoncé que chaque jour qui passe reprochait son pays d’un accord de normalisation avec l’Etat hébreu.

Comme les autres pays arabes qui se sont rapprochés d’Israël, dont le Maroc, l’Arabie saoudite a adopté un profil bas depuis le lancement de l’opération « Déluge d’Al Aqsa » par le Hamas palestinien le 7 octobre et les bombardements sur Gaza qui s’en sont suivis.

Riyad s’est effacé devant Téhéran et Ankara qui se présentent, du moins dans la guerre en cours, en grandes puissances régionales à l’avant-garde de la défense du monde musulman.

Outre son rapprochement entamé avec Tel-Aviv, l’Arabie saoudite avait d’autres bonnes raisons de ne pas se mettre résolument du côté des Palestiniens : le Hamas est une organisation issue des Frères musulmans, ennemi politique et idéologique du wahhabisme saoudien. Aussi, les rebelles houthis, que les Saoudiens combattent au Yémen, sont entrés activement dans la bataille aux côtés du Hamas.

Néanmoins, beaucoup ne s’attendaient pas à ce que l’Arabie saoudite maintienne l’édition de cette année du festival annuel Riyadh Season, vu la gravité de la situation en Palestine. C’est pourtant ce qu’on fait les autorités saoudiennes.

Arabie saoudite : la fête à Riyad, bain de sang à Gaza

En 25 jours de bombardements intensifs sur la bande de Gaza, l’armée israélienne a tué plus de 8.500 Palestiniens, dont 3.500 enfants, et fait plus de 20.000 blessés.

Ce bain de sang a amené plusieurs pays arabes à annuler toutes les activités festives. L’Algérie par exemple a décrété le report de toutes les compétitions sportives et l’annulation de tous les rendez-vous culturels. La Bolivie a annoncé mardi la suspension des relations diplomatiques avec Israël qu’elle a accusé de crimes contre l’humanité à Gaza.

Mais l’Arabie saoudite a maintenu son festival mondial. Cet événement dénommé « Riyadh Season », se tient chaque année depuis 2019. Il s’étale sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois comme lors de la première édition lorsque le festival a été prorogé jusqu’à fin mars à cause de la très forte affluence (plus de dix millions de visiteurs).

Riyadh Season est un ensemble d’activités et de divertissements, dont des galas de variétés et de chorégraphie, expositions d’art, des salons, des compétitions d’arts martiaux, des shows de feux d’artifice… Il a été institué par le prince héritier dans le cadre de son ambitieux projet de transformer économiquement et culturellement le royaume et le rendre une destination touristique mondiale.

Riyad pouvait tout au moins décaler l’ouverture du rendez-vous de cette année, le temps que cessent les bombardements israéliens sur Gaza. D’autant plus que l’édition de 2020 a été carrément annulée pour cause de Covid-19.

Mais Riyadh Season 2023 a bien été lancé samedi 28 octobre, en présence de personnalités mondialement connues, comme Cristiano Ronaldo, Mike Tyson et des stars occidentales et arabes, alors que les bombardements israéliens gagnaient en intensité et choquaient le monde entier. Les critiques n’ont pas tardé à fuser dans tout le monde musulman.

Turki Al-Sheikh, président de l’instance de divertissement du royaume, a répliqué en rappelant qu’en 1967 (lors de la guerre des six jours, NDLR), des pays avaient été occupés (par Israël) et aucune activité n’avait été reportée ou annulée.

« Du reste, a-t-il ajouté, les Saoudiens, dont je fais partie, sont occupés par le développement et l’essor de leur pays ». Soit un retentissant pied de nez à tous ceux qui s’offusquent que l’on puisse chanter et danser pendant que les Palestiniens meurent sous les bombardements d’Israël.

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