Politique

RND : un soutien en pointillé à Bouteflika

En décidant de ne pas rejoindre le grand rassemblement voulu par Djamel Ould Abbes, secrétaire général du FLN, le parti d’Ahmed Ouyahia campe sur une position de principe. Il l’a déjà exprimée en 2015, quand l’ex patron du FLN, Amar Saïdani voulait mettre en place un front de soutien au Président Bouteflika. Le RND avait alors décliné l’offre en prenant soin de rappeler que « le RND sera toujours en première ligne pour soutenir le président Abdelaziz Bouteflika et pour appuyer le gouvernement au Parlement.» 

Cette fois encore, le porte-parole du RND, Seddik Chihab a rappelé le soutien du parti au président de la république lors de l’entretien accordé à TSA mais il a confirmé son refus de rejoindre le « Front populaire » sous l’égide du FLN. « Nous avons annoncé de la manière la plus solennelle notre soutien au président, nous pensons sincèrement que c’est là la seule voie qui nous permettra de consolider les acquis des 20 dernières années », a-t-il affirmé. 

Refus de la tutelle du FLN et 5ème mandat

En réalité, si le RND partage sur le plan du principe l’adhésion à l’appel adressé au président Bouteflika pour “prolonger son œuvre”, il s’abstient organiquement de se placer sous la tutelle du parti majoritaire. 

Derrière cette position, le parti d’Ahmed Ouyahia se pose en alternative au FLN dans le cadre d’une transition future. En effet, derrière les mots, se cache un autre enjeu dans le cas où le Président Bouteflika refuserait de répondre à l’appel pour un 5ème mandat : une candidature d’Ahmed Ouyahia comme successeur naturel au président. 

Même si le pari est risqué, le Premier ministre est en embuscade, d’autant que l’institution militaire ne semble plus être un passage obligé pour garantir une victoire. Aujourd’hui un autre acteur à un rôle de tout premier plan dans le paysage politique : le patronat. 

Là encore le Premier ministre consolide ses liens avec les hommes d’affaires et rappelle à chaque occasion tout le bien qu’il pense d’eux. Lors de son passage au forum organisé par le FCE sur le thème «De, l’urgence d’une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures», le secrétaire général du RND a tenu à rappeler qu’il partageait 25 des 50 propositions émises par le Forum des chefs d’entreprise (FCE) à l’issue des travaux. 

Sans oublier le rôle joué par le Premier ministre dans la mise en place de la charte de partenariat public-privé, une initiative rapidement fustigée par le parti de Ould Abbès, considérant ce partenariat comme une attaque contre le secteur public, décrit comme stratégique. « Il s’agit d’une ligne rouge qu’il ne faudra pas franchir », avait averti Ould Abbes. 

Messages vers l’étranger

Avec l’étranger, là aussi, Ahmed Ouyahia cultive sa différence. Sur la question des harkis et des pieds-noirs, le premier ministre n’a pas hésité à franchir le rubicon en conseillant aux hommes d’affaires algériens de se rapprocher du lobby des Pieds Noirs pour faire de bonnes affaires à l’export. 

La déclaration n’est pas anodine et loin d’être un faux pas, comme cela lui fut reproché. Il y a la volonté de la part du Premier ministre de s’affranchir du discours tenu par la génération issu de la guerre de libération, au moment où la France a élu un Président de 40 ans. 

C’est en tout cas l’un des reproches formulé par Bernard Bajolet, ex-patron de la DGSE et ancien ambassadeur de France à Alger, pour qui le pouvoir algérien, est coincé dans «un problème de génération». « La nomenclature algérienne, issue ou héritière de la guerre d’Algérie, a toujours besoin de se légitimer en exploitant les sentiments à l’égard de l’ancienne puissance coloniale », a déclaré l’ancien ambassadeur au quotidien Le Figaro.

La vengeance est un plat qui se mange froid.

Dans son refus de rejoindre le « Front populaire », Ahmed Ouyaia règle également ses comptes avec le parti majoritaire. Face aux innombrables attaques dont il a fait l’objet de la part du FLN, que se soit sous la direction de Amar Saidani ou celle de Djamel Ould Abbès, le patron du RND a été accusé de trahison par l’ex SG «Il n’est pas fidèle au président Bouteflika. Il est mû par l’ambiance présidentielle. Son unique objectif, c’est de prendre le fauteuil présidentiel », avait déclaré Amar Saïdani. 

À l’approche de la présidentielle et quelle que soit la décision du Président Bouteflika, Ahmed Ouyahia continuera à croire en sa bonne étoile.

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