Cristiano Ronaldo a signé pour le salaire astronomique de 200 millions d’euros nets par an au club saoudien d’Al Nasr et celui-ci devrait voir sa valeur bondir, grâce à la transaction, pour valoir 100 millions d’euros.
Quelque chose ne colle pas dans ces chiffres. A l’évidence, l’engagement de la superstar portugaise du ballon rond n’est pas une simple transaction sportive, encore moins une banale opération commerciale.
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Il s’agit du plus gros contrat de l’histoire pour un footballeur. Le salaire net annuel de 200 millions d’euros que percevra Ronaldo en Arabie Saoudite fait de lui le sportif le mieux rétribué de l’histoire.
Le salaire de 55 millions d’euros annuels négocié l’année passée par Kylian Mbappé avec le Paris Saint-Germain avait choqué. Ce n’est désormais rien devant le salaire de Ronaldo qui gagnera près de 150 millions de plus que la star montante du football mondial.
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Pour un joueur de 37 ans presque fini, comme en témoigne le statut de remplaçant auquel il a été relégué à Manchester United et même en sélection du Portugal lors de la dernière coupe du monde au Qatar, c’est une dépense qui est loin d’être justifiée.
Ronaldo’s arrival in Saudi Arabia is not for financial motives alone. There’s much more to this move than just money, or football. This take by MBS demonstrates a mindset that is yet to sink in in the west. Many things are changing. And CR7 knows it too. pic.twitter.com/WJQ2HH6pdw
— Uri Levy (@Levyninho) January 3, 2023
Elle l’est d’autant moins qu’elle est consentie par un club qui vaut moins de 60 millions d’euros, avant l’arrivée de Ronaldo.
En revanche, on la comprend mieux quand on connaît les transformations du royaume du Golfe depuis quelques années et les ambitions sans limites de son impétueux prince héritier Mohamed Ben Salmane dit MBS.
La venue de joueurs préretraités dans les championnats du Golfe (Qatar, Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite) n’est pas une nouveauté. De grands joueurs ont aussi fini leur carrière en Chine ou aux Etats-Unis, comme Pelé à la fin des années 1970.
وسط تصفيق حار من الجماهير.. النجم #كريستيانو_رونالدو يقول لمشجعي #نادي_النصر في ملعب #مرسول_بارك: « أنا عالمي »#السعودية#العربية pic.twitter.com/HUiVaCi14e
— العربية (@AlArabiya) January 3, 2023
Mais c’est la première fois qu’un joueur avec une telle aura est engagé par un club d’un pays arabe. Quant au montant déboursé, c’est du jamais vu dans le monde du sport.
Al Nasr a l’ambition de concurrencer Al Hilal qui domine le football saoudien et qui compte dans ses rangs de nombreux joueurs de haut niveau. Son ambition se rencontre avec celle des dirigeants saoudiens qui veulent développer le football pour en faire une fenêtre et un tremplin pour le royaume.
Ce que cherche l’Arabie saoudite
Le timing de la venue de Cristiano Ronaldo en Arabie saoudite ne trompe pas. Les négociations ont été engagées alors que le Qatar brillait de mille feux grâce à la coupe du monde qu’il a organisée en novembre-décembre derniers.
Le succès du tournoi mondial a décuplé le prestige du petit émirat gazier et son soft-power. Avant d’émerveiller le monde par la coupe du monde la plus réussie de l’histoire, de l’avis même de la FIFA, le Qatar avait massivement investi dans le football, notamment en rachetant le Paris Saint-Germain.
Les Saoudiens veulent suivre la même voie, avec une stratégie inverse. Si leurs voisins ont injecté des sommes astronomiques dans les clubs européens (sponsoring du FC Barcelone puis rachat du PSG, signature de Neymar puis de Messi…), les Saoudiens ont racheté le club anglais Newcastle pour 350 millions d’euros, sont candidats pour l’organisation du Mondial 2030 avec l’Egypte et la Grèce, et comptent bâtir de grands clubs ainsi qu’un grand championnat de football chez eux.
Si la Chine, les États-Unis et l’Inde ont échoué dans la même entreprise, c’est à cause d’abord de la faible popularité du football chez eux. Ce qui n’est pas le cas en Arabie Saoudite où l’engouement pour le sport roi est réel.
Il n’y a certes aucune garantie de succès, mais l’ambition des dirigeants du royaume va au-delà du football. Celui-ci n’est qu’un tremplin et un élément d’une stratégie plus vaste visant à faire du pays une place qui compte sur l’échiquier mondial.
La stratégie repose sur plusieurs axes, dont le soft-power et le rayonnement dans le monde, les investissements massifs, comme ceux consentis pour réaliser la ville futuriste de Neom, et l’ouverture en interne concernant les mœurs et les libertés individuelles.
Les effets de la venue de Cristiano Ronaldo sont déjà là. Depuis quelques jours, le monde entier parle de l’Arabie Saoudite et il le fera encore à chaque fois que le joueur se distingue sur ou en dehors du terrain.
Le seul compte Instagram du Portugais (plus de 500 millions d’abonnés) vaut toutes les dépenses pour un pays qui cherche à rayonner et à soigner son image.
A sa présentation, Ronaldo a indiqué qu’il a fait tout en Europe et qu’il était temps pour lui de faire quelque chose en Arabie Saoudite. Des propos qui rappellent étrangement ceux de MBS qui promettait il y a quelques années que « le Moyen-Orient sera la nouvelle Europe » et que l’Arabie Saoudite sera « complètement différente dans les cinq prochaines années ».
« C’est une guerre que je mène personnellement. Je ne veux pas quitter ce monde avant de voir le Moyen-Orient au premier rang dans le monde », a déclaré le prince héritier fin 2018.