L’Algérie a clairement signifié jeudi par la voie de son ministre des Affaires étrangères que la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc était « une décision souveraine, définitive et irréversible. »
Cette précision vient vraisemblablement en réponse à de nouvelles tentatives de médiation et d’inscrire la question à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères arabes au Caire.
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La rupture des relations a été annoncée le 24 août dernier par l’Algérie, suite à une série d’ « actes hostiles » et de provocations marocaines.
Quatre jours après, le 27 août, l’Arabie Saoudite a lancé une initiative de médiation, sans l’annoncer toutefois officiellement. Son ministre des Affaires étrangères, Faisal Bin Farhan, a révélé sur les réseaux sociaux avoir eu le même jour des entretiens téléphoniques avec ses homologues algérien, Ramtane Lamamra et marocain Nasser Bourita.
N’ayant pas été annoncée de manière officielle, il n’y a eu aucune réaction à Alger et Rabat à cette initiative.
Dans la foulée, Abdelaziz Rahabi, diplomate et ancien ministre algérien, a expliqué dans des déclarations à TSA qu’il « était encore trop tôt pour la médiation ».
Le 4 septembre, Amar Belani, ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles et nouvellement nommé au poste de chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère des Affaires étrangères, a déclaré à TSA qu’il « n’y aura ni médiation ni arrangement avec le Maroc ».
Une position réitérée jeudi 9 septembre par la voix la plus officielle qui soit, le ministre des Affaires étrangères. « La question de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc n’est pas et ne sera pas à l’ordre du jour de la réunion ministérielle, et que la décision de rompre les relations diplomatiques ne fera pas l’objet d’une discussion ou d’une délibération. C’est une décision souveraine, définitive et irréversible », a indiqué Ramtane Lamamra en marge d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de la Ligue arabe, au Caire.
Ses propos ont été rapportés dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères rendu public le lendemain.
Ni discussion ni délibération
La mise au point de l’Algérie intervient après des insinuations du ministre des Affaires étrangères du Koweït quant à une nouvelle tentative de médiation dans l’affaire des relations algéro-marocaines.
Au cours d’une conférence de presse tenue au Caire jeudi 9 septembre, avec le secrétaire général de la Ligue Arabe, le chef de la diplomatie koweïtienne Ahmad Nasser Al-Sabah, a indiqué, sans citer l’Algérie et le Maroc, que « des Etats arabes œuvreront à renforcer l’entente arabe ».
« Le sommet de début janvier dernier a mis fin à la crise du Golfe (entre le Qatar d’un côté et d’autres Etats du Golfe et l’Egypte de l’autre, ndlr). Il règne depuis un nouvel esprit pour la réconciliation entre les frères », a-t-il indiqué en réponse à une question sur la rupture des relations entre l’Algérie et le Maroc. « Le Koweït et d’autres Etats arabes rempliront leur rôle pour consolider l’entente arabe », a-t-il ajouté.
La réplique de Lamamra est intervenue dans la journée même et le communiqué du ministère des Affaires étrangères, rapportant ses propos, est tombé moins de 24 heures après les déclarations du ministre koweïtien.
Une manière de rappeler que la décision de l’Algérie n’a pas été prise sur un coup de tête, mais après une longue patience devant les « actes hostiles » dont s’est rendu le Maroc coupable vis-à-vis de son voisin.
« Penser à toute initiative, quelle qu’en soit la nature, est réducteur et superficiel. Elle ne prend pas en compte, plutôt elle ignore la pleine responsabilité du Maroc dans la détérioration chronique des relations bilatérales et occulte l’étendue des dommages politiques et moraux commis par des milieux marocains », a expliqué Ramtane Lamamra.