Les fournisseurs russes d’accès internet ont commencé lundi à bloquer la messagerie Telegram, conséquence d’une décision de la justice russe que l’agence de régulation des télécoms Roskomnadzor leur a ordonné d’appliquer.
« Roskomnadzor a reçu la décision du tribunal de Taganski (à Moscou) de bloquer sur le territoire russe les services de Telegram. Cette information a été envoyée lundi 16 avril aux opérateurs », a indiqué Roskomnadzor dans un communiqué.
Conséquence de cette décision, certains opérateurs avaient commencé lundi après-midi à bloquer Telegram en Russie.
Vendredi, un tribunal de Moscou a ordonné le blocage de la messagerie Telegram en Russie pour avoir refusé de fournir aux services spéciaux (FSB) les clés permettant de lire les messages des utilisateurs.
« Les autorités russes ont commencé à bloquer Telegram. Le service peut être instable sans VPN. Nous vous tiendrons informés des développements à venir », a indiqué Telegram dans une notification aux utilisateurs russes.
« Il est révélateur que les gouvernements autoritaires (par exemple la Russie) essaient de bloquer Telegram pour son cryptage mais sont plus souples quand il s’agit d’autres messageries cryptées », a commenté de son côté sur Twitter le fondateur de Telegram Pavel Dourov, sans préciser à quelle messagerie il faisait allusion.
Une dizaines de militants qui manifestaient devant le siège des services de sécurité (FSB) contre le blocage ont été arrêtés, a par ailleurs affirmé à la radio Ekho Moskvy Maria Alekhina, membre du groupe contestataire Pussy Riot, qui fait partie des interpellés.
« Les policiers sont venus vers nous, ils nous ont pris par les bras et nous ont mis dans un fourgon. Ils ne nous ont pas donné de raison », a-t-elle déclaré, ajoutant que les manifestants avaient lancé des avions en papier (le logo de Telegram, ndlr) contre le siège du FSB.
Lundi, le service de presse de l’administration présidentielle russe a précisé aux journalistes que le Kremlin utiliserait désormais la messagerie ICQ, un des pionniers de la messagerie en ligne, pour communiquer avec eux.
Telegram, une application utilisée par 200 millions de personnes dans le monde, est connue pour offrir une confidentialité élevée et se trouve engagée dans un bras de fer depuis plusieurs mois avec les autorités russes, qui exercent une pression croissante sur internet ces dernières années.
Fondée en 2013 par les frères Pavel et Nikolaï Dourov, créateurs auparavant du réseau social VKontakte, Telegram a profité, grâce à la sécurité qu’elle offre a ses utilisateurs, des débats de ces dernières années sur la protection de la vie privée lors de l’utilisation des nouvelles technologies.
Ses « chaînes », qui permettent à un utilisateur de diffuser des messages à un grand nombre d’abonnés, sont prisées des médias mais aussi des administrations russes pour leur communication, y compris le Kremlin.