Le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, Amar Bendjama, a magistralement déconstruit devant la 4e Commission de la 78e session de l’Assemblée générale de l’ONU, en charge des questions politiques spéciales et de la décolonisation, le narratif du Maroc biaisé et à rebours de la vérité sur la question du Sahara occidental.
Dans son implacable plaidoyer à l’ONU, M. Bendjama a évoqué des faits historiques avérés et rappelé des arguments juridiques et politiques irréfutables, appelant à ce que soit rendue justice au peuple du Sahara occidental qui n’a que trop souffert de l’oppression coloniale, selon le compte rendu de l’agence officielle.
S’exprimant lors de la dernière séance du débat de la 4e Commission, M. Bendjama, dès l’abord, a rappelé l’enracinement des valeurs de liberté dans la diplomatie algérienne qui n’a eu de cesse de proclamer fièrement le soutien indéfectible aux militants de l’émancipation dont ceux qui luttaient courageusement contre l’apartheid en Afrique du Sud.
S’adressant à la présidente de la Commission, l’ambassadeur sud-africaine Mathu Joyini, il a tenu à remémorer l’instant historique quand Nelson Mandela a rendu visite au siège des Nations unies, au lendemain de sa libération.
« Nous lui avons fait, solennellement, le serment, que nous allions poursuivre notre combat jusqu’à l’éradication totale de l’oppression et du colonialisme dans le monde », a-t-il rappelé.
Le diplomate a ensuite enchaîné dans le vif du sujet en regrettant que, des décennies plus tard, en Afrique, persiste encore cette blessure béante et purulente qu’est le Sahara occidental, la dernière colonie dans le continent.
Rappelant le contexte historique de la colonisation marocaine au Sahara occidental, il a pris l’auditoire à témoin et replacé le débat dans sa réelle dimension en soulignant que « l’histoire récente de ce territoire non autonome est une succession de faits accomplis, d’engagements marocains formels suivis de reniements à répétition de la parole donnée, et ce au plus haut niveau ».
Sans détour, il a restitué, l’un après l’autre, tous les épisodes témoignant de l’engagement du Maroc, à plusieurs reprises, à permettre la consultation du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’un référendum d’autodétermination. Des engagements, précise-t-il, toujours suivis de reniement et de négation.
Il a, entre autres, cité les discours prononcés, en 1981 à Nairobi et en 1983 devant l’Assemblée générale de l’ONU, par le roi Hassan II qui a formellement et publiquement accepté la tenue d’un référendum sur le territoire sahraoui.
« Face à ces promesses sans équivoque, l’on a malheureusement, a-t-il fait observer, enregistré de multiples reniements ».
« Le Maroc a échoué à gagner le coeur des Sahraouis »
A ce titre, il a évoqué les obstacles dressés par le Maroc pour entraver le travail de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental), qui avait pratiquement achevé l’identification des électeurs ou encore les démissions de James Baker et de l’ancien président allemand Horst Kohler de leur poste d’Envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara occidental suite aux blocages marocains.
« Et depuis, par touches successives, ajoute-t-il, la partie marocaine s’est renfermée dans le déni de tout l’historique de la question du Sahara occidental. Elle ne veut plus entendre, ni prononcer le mot autodétermination, ni référendum, ni consultation démocratique, ni observation onusienne des droits de l’Homme ».
Pour couronner le tout, souligne l’ambassadeur Bendjama, « la puissance occupante propose magnanimement l’octroi d’une +autonomie+ limitée sous souveraineté marocaine à laquelle personne ne croit, et surtout pas le peuple sahraoui ».
Il a fait remarquer que le Maroc refuse d’accepter l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental en raison de sa conviction qu’il n’a pas été en mesure de gagner le coeur des Sahraouis.
Dans la même lignée de déconstruction de tout le narratif de la diplomatie marocaine, M. Bendjama a souligné que la communauté internationale, les nations libres de ce monde et notamment celles qui ont souffert de l’oppression et du colonialisme, ne laisseront pas faire.
Elles s’appuieront tout d’abord, précise-t-il, sur le tout dernier rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, affirmant sans ambages que « le Conseil de sécurité examine le Sahara occidental comme une question de paix et de sécurité, appelant à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui assurera l’autodétermination du peuple du Sahara occidental (…) ».
Elles s’appuieront, poursuit-il, sur l’Avis consultatif rendu par la Cour internationale de justice (CIJ) qui, déjà en octobre 1975, a déclaré « n’avoir pas trouvé de lien juridique de nature à affecter l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale (de l’ONU) sur la décolonisation du Sahara occidental, et en particulier du principe de l’autodétermination, par l’expression libre et authentique de la volonté du peuple du territoire ».
Il a également cité les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui a considéré comme nuls et non avenus les accords entre l’Union européenne (UE) et le Maroc intégrant illégalement le territoire du Sahara occidental.
Des accords qui participaient à l’exploitation illégale des ressources naturelles du territoire du Sahara occidental, rappelle-t-il, avant de conclure par un appel à l’adresse de la 4e Commission pour faire en sorte que soit rendue, le plus rapidement possible, justice au peuple du Sahara occidental « qui n’a que trop souffert de l’oppression coloniale, du déni de son identité et du refus de son aspiration à la liberté et à la démocratie ».