L’Algérie a enregistré avec « intérêt » la nomination de Staffan De Mistura au poste d’envoyé spécial du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, tout en réclamant le retrait des forces marocaines du poste frontalier de Guerguerat.
Staffan De Mistura a du pain sur la planche. Nommé officiellement comme envoyé du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, après plus de deux ans de vacance de ce poste, le diplomate italo-suédois hérite d’un dossier explosif.
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Les hostilités ont repris au Sahara occidental depuis l’attaque militaire marocaine contre des civils qui manifestaient pacifiquement au poste frontalier de Guerguerat. En réaction à cette attaque, le Front Polisario a décidé de se retirer de l’accord de cessez-le-feu signé avec le Maroc en 1991. L’armée sahraouie a multiplié les attaques contre les positions de l’armée marocaine.
Cette situation a été aggravée par la décision unilatérale de l’ex-président américain Donald Trump en décembre 2020 de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, un territoire classé non autonome par l’ONU.
C’est dans ce contexte que De Mistura prend en charge le dossier sahraoui à l’ONU, dont la nomination du diplomate italo-suédois a été saluée par le Front Polisario. Ce jeudi, l’Algérie a réagi via le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à son tour à cette nomination en exprimant son « intérêt » à la nomination de Mistura, tout en réclamant la « démilitarisation » du poste frontalier de Guerguerat qui est occupé par les forces marocaines depuis novembre 2020.
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« Contexte fortement dégradé »
L’Algérie a déploré « profondément » le retard de 28 mois, « imputable à la partie marocaine », pour le remplacement de l’Allemand Horst Kohler au poste d’envoyé spécial du SG de l’ONU au Sahara occidental. dont la démission était intervenue en mai 2019. M. Kohler avait démissionné de ce poste en mai 2019.
L’Algérie note que la nomination de De Mistura intervient dans un contexte « fortement dégradé » et « porteur de risques, car marqué par la reprise des hostilités suite à la rupture brutale du cessez-le-feu par les forces d’occupation marocaines qui se maintiennent illégalement, depuis le 13 novembre 2020, dans la zone tampon au niveau de Guerguerat, en violation flagrante des accords militaires, signés par les deux parties et endossés par le Conseil de sécurité », a poursuivi le porte-parole du département de Ramtane Lamamra.
Après avoir exprimé son « intérêt » pour la nomination de De Mistura, et rappelé le contexte « fortement dégradé » dans la région, le porte-parole du département de Ramtane Lamamra a tracé la voie que doit suivre le nouvel envoyé spécial pour réussir là où ses prédécesseurs ont tous échoué.
Pour l’Algérie la « démilitarisation » de la zone de Guerguerat, qui a été « consacrée par les accords en question, est la pierre angulaire de tout processus politique crédible visant à trouver une solution pacifique au conflit », a indiqué le porte-parole du MAE.
Tout en louant les « qualités personnelles » et « professionnelles reconnues » et « appréciées » de M. De Mistura, l’Algérie lui apporte son soutien et appelle à des négociations directs entre le Front Polisario et le Maroc pour régler le conflit au Sahara occidental.
L’Algérie, ajoute le porte-parole du MAE « soutiendra les efforts et elle formule le vœu que ceux-ci puissent contribuer à une relance effective et sérieuse des négociations directes, de bonne foi et sans conditions préalables ».
Ces négociations doivent être menées, selon la même source, dans la « fidélité à la préconisation du sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine, entre les deux parties au conflit, à savoir le Royaume du Maroc et le Front Polisario, en vue de parvenir à une solution garantissant au peuple du Sahara occidental l’exercice libre et authentique de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination ».
« Cette approche privilégiant les pourparlers directs et francs, sans aucune condition préalable, entre les deux parties s’inscrit dans la fidélité et la conformité à la décision adoptée en mars 2021 par le sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine », a-t-il ajouté.