La crise diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne prend une nouvelle tournure, sur fond du conflit au Sahara occidental, qui continue d’empoisonner les relations entre les deux pays.
Plus de deux mois après la décision du gouvernement marocain de suspendre tout contact avec l’ambassadeur d’Allemagne à Rabat le 1er mars dernier, le Maroc a décidé de rappeler son ambassadrice à Berlin pour consultations.
L’annonce a été faite ce jeudi dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères qui a dénoncé des actes « hostiles » de la part de l’Allemagne et son « activisme antagonique » depuis la reconnaissance par l’ex-président américain Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental occupé.
« La République fédérale d’Allemagne a multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du royaume », a affirmé la diplomatie marocaine.
En réponse, le ministère allemand des Affaires étrangères a exprimé sa surprise suite à la décision de Rabat et « ne pas comprendre les accusations » proférées par le Maroc.
« Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous faisons des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise », a expliqué le ministère allemand, en précisant avoir « demandé une explication » aux autorités marocaines.
Le Sahara occidental n’est pas le seul sujet de discorde entre les deux pays. Le Maroc reproche aussi à l’Allemagne, qui est l’un de ses principaux partenaires commerciaux, son « acharnement continu à combattre » son rôle régional, « notamment sur le dossier libyen ».
Le Sahara occidental n’est pas le seul sujet de discorde
Le Maroc n’avait pas été invité en effet à la rencontre tenue à Berlin en janvier sur le conflit libyen alors que l’Algérie, qui est considérée par l’Union européenne comme un acteur majeur dans la stabilité au Sahel et en Libye, a été conviée et le président Tebboune y a assisté.
Outre le Sahara occidental et la Libye, le Maroc accuse Berlin de « complicité à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui ayant divulgué des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains », sans citer de nom.
Il s’agit sans doute de de Mohamed Hajib, un Germano-Marocain condamné en 2010 par la justice marocaine à dix ans de réclusion pour « terrorisme », une sentence ramenée à cinq ans début 2012. Il est considéré comme l’ennemi public numéro 1 des services secrets marocains. Résidant en Allemagne, cet ancien prisonnier politique est honni par Rabat pour ses critiques envers on pays natal sur les réseaux sociaux.