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Sahara occidental : le soutien de Macron au Maroc divise la France

La décision d’Emmanuel Macron d’opérer un changement significatif dans la position de la France vis-à-vis de la question du Sahara occidental est loin de faire l’unanimité parmi la classe politique française.

Elle est évidemment applaudie par tous ceux qui appelaient de leurs vœux un tel changement depuis plusieurs mois. De nombreuses voix à gauche l’ont en revanche dénoncée comme une « trahison » et une « maladresse » pour avoir provoqué une grave crise avec l’Algérie. 

La crise est en effet grave. Alger a annoncé mardi 30 juillet le retrait de son ambassadeur à Paris, quelques heures après la publication à Rabat de la lettre par laquelle Emmanuel Macron informait Mohamed VI de la nouvelle position de son pays.

France : la droite et l’extrême-droite applaudissent la décision de Macron

À savoir que le plan marocain d’autonomie de 2007 “constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies” et que “le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine”. Par cette dernière phrase, Macron suggère en quelque sorte la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. 

Pour l’Algérie, le gouvernement français actuel a franchi ainsi, “avec beaucoup de légèreté et une grande désinvolture”, un pas “qu’aucun autre gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir”. 

En France, l’alignement sur Rabat est applaudi sans surprise par la ministre de la Culture franco-marocaine Rachida Dati qui a salué sur X un “jour historique pour les relations franco-marocaines” et un “cours de l’Histoire”, “essentiel et irréversible”. 

Alors qu’elle n’était pas encore ministre, Rachida Dati avait plaidé au cours d’une visite à Rabat en mai 2023 pour un “rééquilibrage” de la politique maghrébine d’Emmanuel Macron, jugée alors favorable à l’Algérie, et pour la reconnaissance par la France de la “souveraineté marocaine” sur le Sahara occidental. Elle était accompagnée par Eric Ciotti, chef du parti Les Républicains (droite) qui a implosé en deux ailes, lors des législatives du 30 juin et du 7 juillet. 

Le président contesté des Républicains qui a fait alliance avec l’extrême droite lors du dernier scrutin législatif a lui aussi réagi promptement à la nouvelle. “Défenseur historique de la souveraineté marocaine sur le Sahara, je me réjouis de l’évolution du Président Macron sur ce sujet essentiel”, a écrit Ciotti, appelant à “tourner la page de 7 ans de vexations inutiles, de stratégie illisible et d’hostilité absurde envers notre allié historique”.

Emmanuel Macron accusé en France de « trahison » pour son alignement Rabat

Même son de cloche du côté de Marine Le Pen qui a estimé que le gouvernement français a “trop tardé” pour prendre une telle position.

Tout en considérant le Sahara occidental comme “partie intégrante du royaume chérifien”, la fille de Jean-Marie Le Pen a usé d’un terme en vogue chez la classe politique française pendant la guerre d’Algérie : la pacification. “Nous devons soutenir toutes les initiatives pragmatiques des autorités marocaines qui permettront de consolider la pacification de ce territoire”, a-t-elle écrit sur X.

Les dénonciations de la décision d’Emmanuel Macron sont venues essentiellement de la gauche. Marine Tondelier, secrétaire national d’EELV (écologistes) a accusé Emmanuel Macron d’avoir trahi “la position historique de la France, basée sur le respect du droit international et du droit des peuples à l’autodétermination” et d’avoir reconnu au Maroc “une souveraineté sur un territoire à décoloniser”.

“Une décision grave et une erreur historique prise par un homme seul, à la tête d’un Etat sans gouvernement ni majorité”, a enfoncé la femme politique qui estime que “le fiasco international” d’Emmanuel Macron se poursuit en ouvrant “une crise diplomatique au cœur de l’été” sans égard à la trêve olympique. 

Le tweet de Tondelier a été partagé par la députée franco-algérienne Sabrina Sebaihi. 

Les mêmes griefs sont retenus par Fabien Roussel, chef du Parti communiste français, qui estime que le président français “trahit la position historique et équilibrée de la France sur les droits du peuple sahraoui comme sur les résolutions de l’ONU”.

Roussel accuse aussi Emmanuel Macron d’avoir ouvert “une crise diplomatique grave pour poursuivre le pillage de l’Afrique, dont les grandes richesses naturelles du Sahara Occidental”. 

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