Le Front Polisario a porté plainte en France contre une conserverie française, pour “colonisation par transfert de population” et “tromperie”, selon des documents judiciaires consultés mercredi par l’AFP.
La plainte a été déposée mardi au pôle “crime de guerre et crime contre l’humanité” du Tribunal de Paris contre l’entreprise Chancerelle, basée en Bretagne (ouest) et productrice des conserves de poisson “Connétable”, qui “vient d’investir (…) dans une conserverie à Laâyoune”, au Sahara occidental, a expliqué l’avocat du mouvement, Me Gilles Devers.
La plainte porte notamment “sur le transfert de population dans une zone occupée. C’est un crime de guerre”, a-t-il avancé: au Sahara occidental, Chancerelle “crée des emplois pour la population marocaine, pour une centaine de personnes, c’est du déplacement de population”.
Contacté par l’AFP, le PDG de Chancerelle, Jean-François Hug, a indiqué n’être “pas au courant de cette plainte” et n’avoir aucun commentaire à faire.
Selon Me Devers, la plainte vise également la “complicité de financement de la colonisation par le Maroc et la discrimination économique, puique c’est du poisson saharaoui et qu’on s’organise pour en faire du poisson marocain”, ainsi que sur “tromperie sur l’origine du produit”, a-t-il dit.
Selon l’avocat, “92% de la pêche marocaine se fait dans les eaux saharaouies” qui sont “pillées”.
La plainte se fonde notamment sur des arrêts de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) jugeant inapplicables au Sahara occidental deux accords (agricole et de pêche) entre le Maroc et l’UE.
L’accord de pêche -qui permet aux navires européens d’accéder à la “zone de pêche marocaine”, dont les eaux sahraouies, contre une contribution européenne-, a néanmoins été renouvelé en juillet, mais doit être approuvé par les Parlements européen et marocain.
Le Front Polisario a multiplié récemment les offensives juridiques et judiciaires: devant la CJUE, mais aussi notamment en faisant saisir en Afrique du Sud une cargaison de phosphate extrait du Sahara.
“C’est la première fois que l’on dépose une plainte pénale en France mais il y en aura d’autres, ainsi que des plaintes au civil”, a assuré Me Devers.