La sécheresse et les violences occasionnées par des “conflits pastoraux” créent une situation alimentaire “en sévère détérioration” dans plusieurs zones du Sahel, a averti mercredi le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA), réuni au siège de l’OCDE à Paris.
“Si des mesures vigoureuses ne sont pas mises en oeuvre”, le nombre de personnes en besoin d’assistance alimentaire “pourrait atteindre 10,6 millions” d’ici à l’été, a averti le RPCA qui réunit les Etats africains de la zone sahélienne et les bailleurs de fonds internationaux (Onu, UE, Banque Mondiale, agences de développement, ONG..).
Actuellement, “environ 7,1 millions de personnes sont en besoin d’assistance alimentaire, dont 3,7 millions dans le nord-est du Nigeria”, en majorité des familles d’éleveurs, a précisé le réseau dans son communiqué final.
Dans la région du Sahel, les récoltes céréalières ont légèrement progressé de façon globale durant la campagne 2017-18, à 67,7 millions de tonnes (+2,5% par rapport à 2016-17), mais des baisses sensibles sont enregistrées dans plusieurs pays et les prix des denrées locales, céréales et tubercules restent “plus élevés que la moyenne des cinq dernières années”, s’est inquiété le réseau.
Ainsi en Gambie, la récolte de céréales a chuté de 29%, au Burkina Faso de 11%, en Guinée Bissau de 7% et au Tchad de 5,5%. La situation la plus critique a été constatée au Cap Vert qui n’a rien récolté du tout cette année en raison de la sécheresse.
La production de fourrages a aussi baissé dans plusieurs pays en raison de la sécheresse: la Mauritanie enregistre un déficit de 95% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, et le Sénégal de 80%, selon le réseau.
Ceci entraîne une précocité des transhumances transfrontalières habituelles “dans un contexte sécuritaire difficile”, faisant craindre “de nombreux conflits entre pasteurs et agriculteurs dans les zones de transit et les pays d’accueil”, souligne le réseau.
La situation alimentaire “critique” dans plusieurs zones de la bande sahélienne (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad) affecte surtout des ménages de “pasteurs” (bergers ou éleveurs, NDLR).
Elle est aggravée “par l’insécurité persistante dans le bassin du lac Tchad et la zone du Liptako-Gouma”, située à cheval sur le Mali, le Burkina Faso et le Niger, indique le communiqué.