La situation au Mali et la présence militaire étrangère dans ce pays semblent être au centre de la discorde entre l’Algérie et la France. La crise entre Paris et Alger a éclaté au grand jour fin septembre, d’abord sur la question migratoire, ensuite sur le dossier mémorial.
Le gouvernement français a annoncé mardi 28 septembre la réduction de 50% du nombre de visas aux Algériens durant les six prochains mois, officiellement à cause du refus d’Alger de délivrer les laisser passer consulaires pour des migrants algériens en attente d’expulsion de France.
Mais il est naïf de croire que quelques milliers de migrants clandestins ont pu provoquer une crise d’une telle ampleur entre les deux pays qui entretiennent des rapports complexes et denses sur tous les plans.
Les révélations du quotidien Le Monde samedi 2 octobre des propos du président français Emmanuel Macron sur l’Algérie ont plongé les relations entre les deux pays dans une crise d’une ampleur inédite.
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En plus de la question migratoire et la mémoire, sujets qui alimentent régulièrement les tensions entre les deux pays, s’est greffée la crise malienne où les deux pays sont concernés.
La France, qui participe depuis 2013 à l’opération Barkhane de lutte contre les djihadistes dans le nord-Mali, a annoncé en juin dernier son intention de réduire le nombre de ses troupes dans la région.
Pendant l’été, les autorités de transition au Mali ont confirmé en réponse des négociations avec la société de sécurité privée Wagner, considérée comme le bras armé de la Russie.
L’Algérie n’a pas exprimé officiellement d’avis sur cette éventualité et sa position a fait l’objet de nombreuses supputations. Le 13 octobre, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a démenti l’intention qui est prêtée à l’Algérie par certains blogs de contribuer au financement du déploiement des troupes de Wagner (un millier d’hommes pour 9.5 millions de dollars, selon l’agence Reuters).
« Tout ce qui peut rééquilibrer la présence militaire française dans la région n’est pas forcément mauvais »
Le journal français Le Monde a rapporté vendredi 22 octobre qu’une éventuelle présence russe dans la région via la société Wagner n’est pas perçue à Alger comme « un repoussoir ».
Contactée par TSA, une source algérienne affirme qu’un rééquilibrage de la présence française n’est pas vu d’un mauvais œil.
« Tout ce qui peut rééquilibrer la présence militaire française dans la région n’est pas forcément mauvais », déclare-t-elle. Allié traditionnel de la Russie notamment dans le domaine militaire, l’Algérie est hostile à la présence militaire étrangère au Mali.
« Pour l’Algérie, la solution au Mali passe par la réunification du nord avec le sud », a soutenu le président Abdelmadjid Tebboune dimanche 10 octobre. Le chef de l’Etat a assuré que l’armée algérienne « ne s’enlisera jamais dans les bourbiers ». Au Mali, c’est une affaire de pauvreté et de développement, a-t-il soutenu, en condamnant le versement de rançons aux groupes terroristes activant dans ce pays.
Plus globalement, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a exprimé vendredi 22 octobre la « profonde préoccupation » de l’Algérie face à la propagation du terrorisme en Afrique. Il a fait état d’une hausse de 10% des attentats terroristes en Afrique, en soulignant que « cette situation alarmante n’est pas fortuite. »
« D’une part, la défaite de l’organisation terroriste Daech au Moyen-Orient a entraîné le redéploiement d’un grand nombre de combattants terroristes étrangers dans les zones de conflit en Afrique, notamment dans la région sahélo-saharienne », a expliqué M. Lamamra.
Il a ajouté que « d’autre part, malgré les efforts visant à lutter contre l’extrémisme, ce dernier continue à se propager, profitant pleinement de l’utilisation généralisée d’Internet, des réseaux sociaux et des darkwebs, en particulier parmi les groupes vulnérables de jeunes et de femmes ».
Lamamra s’exprimait lors de la réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) qui a eu lieu à l’initiative de l’Algérie.