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Said Bouhadja, président de l’APN, pose un piège à ses adversaires

Said Bouhadja, président de l’APN, pose un piège à ses adversaires

Partira, partira pas? Said Bouhadja, président de l’APN, chambre basse du parlement, depuis mai 2017, est annoncé comme démissionnaire, par l’entourage du groupe parlementaire du FLN, son parti.

Le concerné dément, dans une déclaration à TSA Arabi, sa démission et dit que cela doit obéir à « une procédure légale » de destitution.

Vieux routier de la politique, Said Bouhadja sait parfaitement de quoi il parle en disant que « la partie » qui l’a désigné au poste du premier responsable du Parlement peut trancher en dernier ressort.

Mais qui a donc désigné le président de l’APN ? C’est le président de la République, même si théoriquement la décision de choisir un candidat revient au parti de la majorité parlementaire.

En présentant la candidature de Said Bouahadja à la présidence de l’APN, en mai 2017, Djamel Ould Abbes, secrétaire général du FLN, avait parlé de « moujahid et militant connu » dont l’image s’assimile à celle du FLN (Bouhadja milite au sein du FLN depuis 50 ans).

Prenant la parole, Said Bouhadja avait dit que sa désignation à la tête de l’APN revenait « au brave moudjahid Abdelaziz Bouteflika, président de la République ».

En s’adressant indirectement au chef de l’État, ce vendredi 28 septembre, Said Bouhadja entend mettre dans l’embarras ceux qui veulent le pousser à la porte à l’intérieur ou à l’extérieur de l’APN.

La Constitution prévoit que « le Président de l’Assemblée Populaire Nationale est élu pour la durée de la législature », c’est à dire cinq ans. L’article 10 du règlement intérieur de l’APN précise les cas de vacances de la présidence de l’Assemblée, « par suite de démission, d’incapacité ou d’incompatibilité ou de décès », et fixe les modalités d’élection d’un nouveau président (dans un délais de 15 jours).

Le principe de la séparation des pouvoirs mis à mal ?

Le règlement intérieur de l’APN ne prévoit pas la possibilité d’obliger le président à la démission. Si Said Bouhadja résiste, ses adversaires du groupe parlementaire du FLN, probablement actionnés par la direction du parti, ne pourraient rien faire.

« L’incompatibilité » évoquée par le règlement intérieur est ambiguë. Le texte ne précise pas entre qui et qui et dans quelles conditions. Dans le cas d’une démission de Said Bouhadja, cela sera compris comme la suite d’une décision, non annoncée, de la présidence de la République.

C’est à ce niveau là que se trouve le piège puisque le principe de la séparation des pouvoirs empêche le chef de l’État de se mêler du fonctionnement organique du Parlement, censé contrôler son action puisque l’Assemblée est « un contre pouvoir ».

Il est vrai que Djamel Ould Abbes a toujours imputé les plus grandes décisions du FLN au président de la République, mais la désignation d’un président à la tête d’un Parlement pluraliste ne peut pas être inscrite dans ce registre.

L’APN n’appartient pas au FLN. Et, les législatures successives se poursuivent quel que soit le président de la République (mis à part la séquence de 1992-1997 marquée par l’existence d’un parlement non élu, le CNT).

En 2004, il y a eu le précédent Karim Younes qui a démissionné pour des considérations politiques puisqu’il avait mené campagne à la présidentielle pour le candidat Ali Benflis, qui était le principal rival de Abdelaziz Bouteflika, alors candidat pour un second mandat.

Depuis les premières élections législatives de 1977, l’APN a connu huit présidents, tous issus du FLN, à l’exception d’Abdelkader Bensalah (RND) entre 1997 et 2002.

Crise en vue à l’APN

Said Bouhadja a reconnu l’existence d’un climat d’ébullition au sein de l’APN « et au sein du FLN », mais n’a pas précisé les raisons politiques de cette situation.

La mise à l’écart de Bachir Slimani, militant du FLN aussi, de son poste de secrétaire général de l’APN peut-elle expliquer le charivari actuel dans les travées de l’hémicycle de Zighout Youcef?

Aucune explication n’a été donnée aussi à l’éviction de Bachir Slimani, en poste depuis 2014. En plus du groupe du FLN, d’autres groupes comme ceux de TAJ et RND exigent le départ du président de l’APN. Ils n’ont produit aucune déclaration ni aucun communiqué pour argumenter cette demande au moins sur le plan politique.

Said Bouhadja a-t-il échoué dans sa mission ? Si oui, pourquoi? Ou a-t-il commis « une erreur fatale » que l’opinion publique ne doit pas connaître? Bachir Slimani est-il à ce point puissant pour provoquer la fronde au sein de l’APN ou s’agit-il d’un simple prétexte pour pousser le président de l’APN au départ plus rapidement ?

A moins que l’on soit devant une reconfiguration politique générale avant la présidentielle d’avril 2019. En juillet dernier, Said Bouhadja a appelé le président Bouteflika à se présenter pour un 5ème mandat et prié Allah de « lui accorder » toute la santé « afin qu’il poursuive son œuvre à la tête de l’État». Tous les ingrédients d’une crise sont rassemblés donc pour rendre « la rentrée parlementaire » explosive.

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