Saïd Sadi demande explicitement à Ahmed Gaïd-Salah de « partir ».
« En ces moments décisifs pour la patrie, chaque Algérien est mis face à ses responsabilités. Vous tout particulièrement. Il est temps de partir. Parce que vous êtes âgé, parce que le système que vous avez soutenu a échoué et, surtout, parce qu’il est condamné par l’exceptionnelle mobilisation citoyenne qui fait renaître la nation depuis le 22 février », a écrit l’ancien président du RCD, dans une lettre datée de mercredi 10 avril et publiée ce jeudi sur sa page Facebook, à l’adresse du chef d’état-major de l’ANP.
« Tout appelle à votre retrait. Le poids des ans comme l’époque que nous vivons invitent à la sagesse, au courage et à la lucidité. Il est temps de laisser la place aux nouvelles générations. L’époque des dictats militaristes est révolue. Ce serait une faute de jugement grave de ne pas comprendre qu’aujourd’hui, en Algérie aussi, le cri d’un citoyen est plus audible que le bruit d’un canon », a ajouté Sadi, non sans rappeler les variations du discours du chef de l’armée depuis le début du mouvement populaire.
« Depuis le début de ce mouvement, votre discours a beaucoup varié. Vous fûtes un partisan du cinquième mandat. Vous avez accusé les manifestants d’être manipulés en vue de déstabiliser leur pays pour, enfin, admettre, formellement, que le peuple avait raison, quitte à donner une interprétation opposée à ses revendications. Tout en alternant menaces et promesses à l’encontre de nos compatriotes, vous avez assuré, hier à partir d’Oran, que des dossiers de corruption seront traités sans complaisance. Vous avez également décrété que la solution à la demande de changement radical est dans le parlement, instrument d’une gestion anachronique qui a pillé l’Algérie et décrédibilisé l’État », a développé Saïd Sadi.
A propos de l’insistance de Gaïd-Salah à rester dans le cadre constitutionnel, la fondateur du RCD répond : « Je n’insisterai pas sur le respect de la constitution convoquée selon les circonstances. D’autres avant moi ont, à juste titre, rappelé, comment et combien de fois que la loi fondamentale a été charcutée ou carrément violée. Il n’est, en conséquence, pas judicieux de se référer à cet artifice pour justifier l’injustifiable qui se prépare et dont les premiers signes sont des plus préoccupants. »
« Ce n’est pas en recourant aux règlements de comptes que l’on va redonner confiance aux citoyens et crédibilité aux institutions; surtout quand les investigations ciblent certains acteurs et épargnent d’autres. La justice à la carte est l’une des facettes les plus insupportables de l’injustice », a dénoncé Sadi qui conclut par cet appel : « Vous avez une occasion unique de clore votre carrière par une décision patriotique qui pourrait transcender ou, du moins, relativiser ses points de faiblesses: faire rentrer l’armée dans les casernes et laisser l’Algérien inventer le grand destin que le militarisme lui a interdit depuis le premier jour de son indépendance. »