La politique d’arabisation est “la source de tous les autres maux de l’Algérie”, a critiqué ce vendredi à Tizi Ouzou, Said Sadi, lors d’une conférence débat sur le printemps berbère du 20 avril 1980.
“La langue n’est pas seulement un instrument de communication mais de pensée et de réflexion et la langue arabe ne donne pas accès aux sources de la rationalité mais sert plutôt à l’aliénation” a jugé l’ancien président du RCD.
Pour lui, “si l’arabisation était utile, que font donc tous les enfants des hommes du pouvoir au lycée français Alexandre Dumas d’Alger pendant qu’on a totalement arabisé les écoles des enfants du peuple”. Et d’asséner : “C’est un crime d’État que de semer l’ignorance dans le peuple rien que pour le dominer”.
Said Sadi estime que “si le pouvoir doit rendre des compte c’est d’abord sur cela car c’est de ça qu’ont découlé tous les autres problèmes du pays”.
Enchaînant sur Tamazight, Said Sadi considère que “le pouvoir a peur de Tamazight parce qu’il sait que la langue qu’il tente de perfuser dans les esprits est une langue artificielle et c’est pour cela que même s’il ne fait plus dans la négation conceptuelle de la langue et culture amazigh il fait dans son blocage technique et sa pollution à travers, par exemple, la promotion de sa transcription en caractère arabe”.
Mais cela, de l’avis de Said Sadi, ne doit pas décourager. Il faut, préconise-t-il, “qu’on réapprenne le sens de la perspective historique, de rétablir le débat et savoir dépasser nos querelles quand il s’agit de notre culture”. C’est le seul moyen de faire face, dit-il, aux tentations fascistes et l’hégémonie idéologique du pouvoir en place.
Parlant de la situation en Kabylie, Said Sadi a jugé qu’elle fait face à “une volonté manifeste d’étouffement général : économique, social et culturel et une volonté de salafisation et de folklorisation”. Tout en plaidant pour la libre expression, le Dr Sadi dit rejeter toute forme d’extrémisme qu’il soit politique ou religieux.