L’entêtement d’Abdelaziz Bouteflika à briguer un cinquième mandat s’explique par « la nature même du personnage » qui « a toujours rêvé de mourir au pouvoir », a expliqué Said Sadi dans un entretien publié dans le dernier numéro du magazine français L’Obs.
Mais, pour le fondateur du RCD, « les promesses de Bouteflika n’auront pas d’effet sur la dynamique en cours », parce que « personne ne peut croire à un revirement politique qui amènerait le personnage à faire l’inverse de ce qui a constitué sa vie – coups tordus et reniements » et que « ces propositions sont, pour l’essentiel, celles qu’a préconisées l’opposition depuis son retour aux affaires il y a vingt ans et qu’il a rigoureusement combattues ».
« Il y a un rejet du personnage tel que toute parole de sa part est interprétée comme une ruse ou de la manœuvre », poursuit Sadi dans son explication. L’ancien président du RCD s’inquiète toutefois sur un éventuel « compromis » qui pourrait « engager l’armée dans la rue avec toutes les dérives que l’on peut imaginer ».
« Les manifestations vont se poursuivre »
Les manifestations contre le pouvoir et le cinquième mandat « vont se poursuivre », affirme Sadi dans l’entretien dans lequel il a décrit le mouvement comme étant « une véritable lame de fond ».
« J’ai vu beaucoup de manifestations et j’en ai organisé quelques-unes dans ma vie mais je n’ai jamais vu de marée humaine si importante depuis la déclaration d’indépendance de l’Algérie. », a-t-il affirmé. « Aujourd’hui la jeunesse est apparue radieuse, impertinente mais jamais grossière dans ses slogans, demandant tout simplement à vivre. Il est très émouvant de voir un peuple revenir ainsi à la vie », a-t-il poursuivi au sujet des manifestations pacifiques.
Le mouvement, « pour qu’il ne soit pas détourné comme trop souvent dans notre histoire », a besoin que tous lui donnent « du sens », avertit Sadi. « Nous devons être vigilants : le régime peut essayer de contrer le mouvement par la récupération, par la répression ou la provocation sanglante. Nous savons maintenant que les incidents qui ont émaillé la fin de la marche de vendredi étaient une provocation, le fait de voyous payés par des oligarques qui n’avaient rien à voir avec les manifestants. La police l’a d’ailleurs reconnu », a-t-il affirmé.
L’après Bouteflika semble déjà se préparer à en croire le docteur Sadi. « Je n’exerce aucune responsabilité organique mais je sais que des contacts se nouent entre des personnalités réellement autonomes, qui ne sont pas dans la gestion de carrières politiques, et qui ont le sens de la responsabilité historique », a-t-il révélé. Ces personnalités « esquissent une transition, en cas de démission de Bouteflika », selon Sadi qui parle de « la possibilité d’établir un gouvernement de transition pour gérer les affaires courantes ainsi que l’installation d’un comité d’éthique de gens intègres pour assurer la représentation symbolique de l’Etat ».