La saisie de 701 kilogrammes de cocaïne à bord d’un navire battant pavillon libérien et supposé transporter de la viande importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi, dit Le Boucher, continue de faire des vagues.
Le mis en cause principal dans l’affaire, Kamel Chikhi, connu pour son commerce de viande rouge et ses affaires étrangement florissantes dans l’immobilier a été placé en détention dès les premiers jours du scandale et a été rapidement suivi par plusieurs autres supposés complices.
En plus des trois frères Chikhi, les principaux inculpés qui ont été présentés hier jeudi au procureur de la République et au juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hammed sont Khaled Tebboune, fils de l’ancien premier ministre Abdelmadjid Tebboune, l’ancien maire de la commune de Ben Aknoun, un procureur, un substitut de procureur et un gendarme à la retraite, selon des sources citées par Ennahar Online.
Selon des sources citées par le journal arabophone, les inculpés présentés jeudi au procureur et au juge d’instruction ne sont pas tous soupçonnés d’être impliqués dans l’affaire de trafic de drogue.
Certains, comme le fils de l’ancien Premier ministre, seraient soupçonnés de trafic d’influence et de favoritisme. Ils auraient notamment facilité, de façon illégale, l’acquisition ou la construction de biens immobiliers par Chikhi.
L’associé des frères Chikhi répondant aux initiales N.M est également poursuivi en tant que personne morale aux côtés d’un directeur commercial, et d’un agent de contrôle, a appris TSA auprès de Me Saddek Chaib, un des avocats chargés de la défense des inculpés.
Les avocats du collectif de défense ont interjeté appel le dimanche 10 juin, de l’ordonnance de mise sous mandat de dépôt mais la liberté provisoire a été refusée à leurs clients, le mercredi 20 juin par la chambre d’accusation près la Cour d’Alger, d’après l’APS. Les inculpés ont été présentés jeudi au juge d’instruction qui a maintenu leur détention.
Le garde des Sceaux muet
L’affaire de la saisie de cocaïne à Oran éclabousse de nombreuses personnalités influentes appartenant à différentes sphères y compris à celle de la magistrature et de la politique.
Pour l’instant, un procureur et un substitut du procureur sont inculpés, à en croire Ennahar, alors que quatre magistrats ont été suspendus selon El Khabar qui l’a annoncé dans son édition du 20 juin. Il s’agit du président du tribunal administratif d’Alger, de la procureure générale adjointe près la Cour d’Alger, du procureur de la République près le tribunal de Boudouaou et de son substitut.
Selon le quotidien arabophone, la décision a été prise par le ministre de la Justice Tayeb Louh car les magistrats mis en cause sont soupçonnés d’avoir facilité l’achat par Kamel Chikhi de biens immobiliers.
Si ces affirmations du quotidien national sont justes, les soupçons touchant les magistrats ne sont pas liés directement à l’affaire de la cocaïne mais à des soupçons de corruption et de favoritisme.
Alors que le ministère de la Justice est doublement concerné par l’affaire, à cause du caractère judiciaire de celle-ci et à cause de l’implication de magistrats, le garde des Sceaux reste silencieux. Le ministère de la Justice n’a apporté aucune précision quant à l’évolution de l’instruction.
Ce silence troublant du ministère de la Justice laisse circuler les plus folles rumeurs comme celle faisant état de l’implication dans l’affaire du chauffeur d’Abdelghani Hamel, Directeur général de la Sûreté nationale. Une rumeur qui a circulé plusieurs jours dans divers médias, avant d’être démentie, non pas par le ministère de la Justice mais par la DGSN qui a émis un communiqué relayé ce vendredi 22 juin par l’APS.