En Algérie, les accidents qui peuvent provoquer des traumatismes paralysants ou mortels sont nombreux : plongeons en mer, chutes des terrasses des maisons, incidents de motos…

Ces dangers guettent les Algériens durant la saison estivale qui a été ouverte officiellement ce samedi 17 juin.

Dans un entretien à TSA, le Professeur Souhil Tliba, chef de service neurochirurgie au CHU Frantz-Fanon de Blida, plaide pour l’organisation des campagnes visant à sensibiliser les jeunes, particulièrement les plus vulnérables à cause de leur négligence ; sur les risques d’accidents pendant l’été.

Saison estivale : attention aux plongeons en eau profonde

Accidents dans les piscines, chutes traumatiques suite à une plongée dans les eaux peu profondes… Chaque plaisir de cette période estivale peut être sujet au moindre drame. « Les traumatismes sont très fréquents en été. Ils sont pourtant évitables. Les accidents qui surviennent suite à des plongeons en eau peu profonde provoquent des fractures du rachis cervical supérieur », alerte le Professeur Souhil Tliba.

Cet éminent spécialiste tient à sensibiliser à la fois les jeunes et leurs parents sur les dangers des plongeons en mer.

« Sous l’excitation et la joie, certains jeunes font des plongeants dangereux en piquant une tête. Ils subissent ainsi une fracture des vertèbres cervicales. Dans certains cas, ces traumatismes provoquent une rupture de la moelle épinière et les victimes deviennent tétraplégiques, c’est-à-dire paralysées. Certains décèdent », met en garde le Professeur Souhil Tliba.

Saison estivale : attention aux accidents de motos

Chaque jour en été, les vies de nombreuses familles sont déchirées par la perte d’un enfant victime d’un traumatisme à la suite d’un accident qui aurait pu être évité.

Le chagrin qu’éprouvent ces familles – mères, pères, fratries, grands-parents et amis proches – est immense et souvent, il affecte des communautés entières. Une telle tragédie peut transformer irrémédiablement les vies de ceux qu’elle touche.

« Les centres spécialisés en neurochirurgie accueillent un nombre inestimable de personnes souffrant de ces traumatismes. Ce genre de neurochirurgie est très difficile. On arrive à en sauver quelques-uns. Mais en général, c’est vraiment une catastrophe », explique le Pr Tliba.

Ces traumatismes sont une menace pour la survie des victimes. Ils sont aussi une cause majeure de handicaps qui peuvent avoir des répercussions à long terme sur tous les aspects d’un jeune.

« Mon premier message s’adresse aux jeunes qui partent seuls ou avec leurs parents : je leur dis faites attention, car ces accidents sont très fréquents. Chaque été les services de traumatologie des CHU reçoivent des jeunes qui ont des fractures du rachis cervical à cause de l’inconscience ou de la négligence. Certains jeunes plongent du haut des rochers ou dans des pissines et finissent par être paralysés », indique le Professeur Souhil Tliba.

Autre danger : les accidents de la route, notamment ceux impliquant les jeunes conducteurs de motos sans casque. Ces conducteurs s’aventurent même sur les autoroutes… Les motocyclistes sont particulièrement exposés.

« Le défaut du port du casque est un véritable fléau chez les jeunes conducteurs des deux roues. On voit des jeunes qui « zigzaguent » entre les voitures. Les accidents de motos sont dangereux. Ils peuvent être évités », relève ce neurochirurgien.

En Algérie, les conducteurs de deux-roues sont particulièrement plus vulnérables sur les routes, en raison du non-respect du Code de la route.

En effet, un motocycliste sans casque a plus de probabilité d’avoir un sérieux traumatisme suite à un accident qui entraîne des blessures graves, voire la mort.

« Les premières personnes à sensibiliser sont les parents. Car ce sont ces derniers qui achètent des motos à leurs enfants. Les parents doivent établir des règles strictes. L’achat d’une moto doit d’abord être justifié. La faute incombe à tout le monde, notamment aux parents et aux pouvoirs publics », estime le spécialiste.

Saison estivale : attention aux chutes des terrasses

Outre les plongeons et les motos, le Pr Tliba pointe un autre danger qui guette les Algériens, particulières les en enfants, durant la saison estivale.

« Nous sommes en train de recenser un autre type d’accidents domestiques un peu particuliers : les chutes de personnes du haut de terrasses sur les bâtisses inachevées. Certains chantiers de construction ont malheureusement des dalles accessibles aux enfants qui y jouent parfois au football », dénonce le Professeur Souhil Tliba.

Ce type d’accidents peut provoquer des drames familiaux dans un pays où le non achèvement des constructions est devenue la règle plutôt l’exception. De nombreux Algériens construisent des maisons, sans jamais les achever et les pouvoirs publics semblent impuissants face à la prolifération de ce phénomène.

« Certains accidents sont très dangereux, car ils provoquent des hémorragies cérébrales. Ils sont parfois mortels. Nous essayons de sensibiliser les familles sur ces chutes du haut d’escaliers et de dalles qui sont de plus en plus fréquentes. Quand une bâtisse n’est pas achevée, il ne faut pas y laisser d’accès aux dalles. Les autorités doivent intervenir. Les parents doivent s’armer de vigilance. On ne doit jamais dire que ça n’arrive qu’aux autres. Ça peut arriver à tout le monde », conclut le spécialiste.