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Salaire, titre de séjour, précarité : la galère des médecins algériens en France

Salaire, titre de séjour, précarité : la galère des médecins algériens en France

En France, les médecins étrangers non européens qui exercent dans les établissements publics de santé, bien qu’indispensables pour maintenir le système de soins du pays, vivent pour la plupart dans la précarité.

C’est le cas de Dr Kahina Hireche-Ziani, une praticienne d’origine algérienne et militante syndicale, qui dénonce l’hypocrisie du gouvernement à l’égard de ces médecins.

Ce mardi 14 mai, ces praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) prévoient d’organiser une manifestation devant le ministère de la Santé pour faire entendre leur voix.

Ces médecins, des Maghrébins pour la plupart, doivent non seulement faire leurs preuves plus que les autres praticiens, mais font aussi face à une situation sociale précaire, ponctuée par une peur constante liée notamment au renouvellement des titres de séjour.

« Ils n’ont pas toujours de logement décent, pas toujours de mutuelle »

Dr Kahina Hireche-Ziani, secrétaire générale et porte-parole du syndicat national SOS Padhue, fait aussi partie de ces médecins. Elle explique, dans une interview accordée au journal français Le Télégramme, les raisons de cette nouvelle manifestation prévue aujourd’hui.

Pour elle, la France est en pénurie de médecins et peine à en former suffisamment. Ainsi, les médecins étrangers non européens (Padhue), qui viennent, pour la plupart, des pays d’Afrique, « notamment du Maghreb » sont constamment sollicités.

« Ils sont indispensables pour maintenir le système de soins du pays », déclare la praticienne algérienne. Or, la plupart de ces médecins vivent « la peur et la précarité ». Son syndicat reçoit en effet « des tas d’appels de médecins sous pression, voire au bord du suicide », explique l’intervenante.

Certains de ces praticiens peinent à renouveler leurs titres de séjours, mais continuent toujours à travailler, car ils sont indispensables. D’autres font même l’objet d’obligation de quitter le territoire français (OQTF). « Ils n’ont pas toujours de logement décent, pas toujours de mutuelle », dit-elle.

D’ailleurs, SOS Padhue commence à constater une fuite de cette catégorie de médecin vers des pays qui se montrent plus accueillants que la France, dont l’Allemagne et la Suisse.

FFI : « Ils ne gagnent, par exemple, que 1 400 € par mois »

En janvier dernier, Emmanuel Macron a reconnu que ces « médecins étrangers tiennent parfois à bout de bras nos services de soins », promettant de régulariser leurs situations, via notamment l’assouplissement des épreuves de vérification des connaissances (EVC).

Reconnaissant qu’il s’agit d’une avancée majeure, la praticienne espère que les modalités des EVC soient repensées, en transformant le concours en examen. Selon elle, c’est très dur pour les Padhue de passer le concours, alors qu’ils sont souvent surchargés de travail dans leurs services.

« Et quand ils le font, ils se retrouvent face à des médecins, bien souvent restés en année sabbatique à l’étranger pour se préparer », souligne-t-elle.

Outre l’absence d’une égalité des chances, les médecins étrangers non européens sont aussi victimes de tas de vides juridiques. Leurs indemnités sont « laissées au libre arbitre des établissements », ce qui les met dans des situations de précarité.

Les médecins étrangers faisant fonction interne (FFI) ne gagnent, par exemple, que 1 400 € par mois. Pourtant, ils ont à leur actif des années d’études et d’expérience (15 ans d’étude et 12 ans d’expérience dans le cas de la praticienne algérienne), aussi bien dans leurs pays d’origine, qu’en France, et font « plus de gardes que la moyenne ».

Ce système, ajoute encore la praticienne, est très rentable pour le gouvernement et elle constate qu’il y a une grande hypocrisie au sujet des Padhue.

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