La récente hausse du salaire minimum de 2.250 dinars algériens n’a pas été favorablement accueillie par la Confédération des syndicats algériens qui regroupent en son sein une quinzaine de syndicats représentant différents secteurs.
Dans un communiqué, diffusé lundi, la CSA a fait part de sa consternation par rapport à une hausse jugée insignifiante et qui est loin de rééquilibrer le pouvoir d’achat des Algériens qui est en constante dégringolade.
Pour signifier son mécontentement, la CSA a agité le spectre de la grève. « Les récentes augmentations n’ont pas eu l’effet escompté chez les travailleurs, parce qu’elles ne compensent pas l’érosion du pouvoir d’achat qui dure au moins depuis 2016 », a déclaré à TSA le coordinateur de la CSA, Boualem Amoura.
« Ces hausses sont insignifiantes car il s’agit d’augmentations brut qui varient entre 2 000 et 6 000 DA, selon la catégorie et qui sont soumises aux différentes retenues (IRG, sécurité sociale…). Il n’en restera rien après défalcation des cotisations sociales », a critiqué M. Amoura, ajoutant : « A la fin, le travailleur aura droit à 4 000 DA nets, ce qui représente à peine un kilo de viande ».
« Au sein de la CSA, c’est la déception. Dès la promulgation du décret dans le journal officiel, j’ai réuni via l’application Zoom vendredi dernier, les membres de la Confédération. C’est pour dire que nous sommes en état d’alerte », ajoute-t-il.
« Lors de la réunion d’hier, lundi, nous avons dit que la question du pouvoir d’achat concerne tous les travailleurs de tous les secteurs de la Fonction publique. Ce qui revient à dire qu’il ne revient pas qu’à la CSA de porter cette revendication de l’amélioration du pouvoir d’achat », indique Boualem Amoura.
« Après débat, nous avons décidé d’associer les autres syndicats des travailleurs de la Fonction publique. Nous avons commencé les contacts, dès hier, pour arriver à constituer une alliance conjoncturelle au sujet de ce point lié au pouvoir d’achat qui n’épargne aucun travailleur », ajoute-t-il.
Absence de concertation
Au sujet de l’appel à la protestation lancé par la CSA dans son communiqué daté de lundi 11 avril, son coordinateur précise que la question n’a pas été totalement tranchée, du fait qu’il faut associer les autres syndicats.
« On veut associer (ces syndicats) au processus de prise de décision. Nous leur avons adressé hier une invitation à assister à une réunion qui aura lieu samedi 16 avril pour, outre constituer cette alliance, décider de la nature et de la durée de la mobilisation », précise M. Amoura.
« La base syndicale est vraiment déçue, elle est en train de bouillonner. La mobilisation pourrait prendre la forme de grèves ou de sit-in ou des marches… », avance le syndicaliste.
Selon lui, les syndicats sont aussi déçus par le fait qu’ils n’ont pas été associés à la récente augmentation des salaires. « Nous avons toujours revendiqué la revalorisation de la valeur du point indiciaire, actuellement à 45 DA. Il stagne depuis 2007. A titre de comparaison, la valeur de la zakat était à cette période à 35 DA. En 2021, elle est de 120 DA », détaille Boualem Amoura.
« Nous réclamons le triplement du point indiciaire », plaide le coordinateur de la CSA qui tient à souligner : « Nous ne demandons pas l’abrogation du décret mais il faut une disposition complémentaire pour revaloriser le point indiciaire. Le président de la République a maintes fois exigé du gouvernement l’amélioration du pouvoir d’achat et les conditions sociales des fonctionnaires », a argué M. Amoura.
Dénonçant une décision prise « dans un esprit du fait accompli sans concerter les représentants des fonctionnaires, notamment les syndicats autonomes », le Dr Lyes Merabet qui représente les praticiens de la santé publique au sein de la CSA, explique que l’initiative de la CSA tend à démontrer « notre rejet de cette grille de salaires qui a été annoncée ».
« Il y a dix ans, l’Office national des statistiques (ONS) parlait d’un SMIG (salaire minimum garanti) réel autour de 35 000 DA. L’UGTA (Union générale des travailleurs) avait proposé à cette époque un SMIG à 45 000 DA minimum. Tout cela pour dire que nous sommes en train d’avancer dans la dégradation du pouvoir d’achat », déplore le Dr Merabet.