Qui a dit qu’il y a crise économique en Algérie ? À voir le rush des Oranais au salon de l’automobile Autowest, on ne dirait pas que le pays traverse un grave crise économique.
Les stands des différentes marques, notamment ceux de Hyundai, Sovac, Renault et KIA, ont été pris d’assaut hier dimanche à l’ouverture du salon comme ce lundi matin, par les visiteurs. Les commerciaux de ces marques sont submergés de commandes.
Chez Cima Motors de Tahkout, qui fait l’assemblage de la marque Hyundai dans son usine Tiaret, des chaînes se sont constituées, et parfois de petites bousculades même, pour pouvoir profiter de la formule de vente à crédit avec une livraison « en 90 minutes chrono ». Chez Sovac, le crédit à 0% taux d’intérêt de Seat séduit lui aussi les Oranais.
Cette ruée sur des véhicules n’est pas quelque part le signe de l’absence d’un grand impact de la crise sur le vécu des Algériens et leurs habitudes de consommation ?
« Non. Cette ruée pour profiter des formules à crédit est la preuve qu’il y a crise », objecte Mohamed d’Oran, rencontré au stand de Hyundai. Et d’enchaîner : « La voiture est, de nos jours, devenue une nécessité. Il n’y a pas de métro et les transports publics sont très mal organisés ici à Oran. Les gens préfèrent acheter leurs propres voitures pour se déplacer à l’aise. En plus, la société a un peu évolué ».
Un citoyen venu de Djelfa avec un ami qui compte acheter un véhicule livre une autre explication.
Pour lui, c’est « la pénurie des véhicules de ces quatre dernières années » qui a suivi l’imposition des quotas puis l’interdiction d’importer des véhicules neufs, décidées par le gouvernement pour faire face à la chute des prix du pétrole en 2014, qui explique l’engouement des visiteurs du salon Autowest. « Il y a un besoin à satisfaire », insiste-t-il.
Mais selon lui, il n’y a pas que de simples acheteurs qui viennent se procurer un véhicule, il y a aussi des revendeurs qui viennent parfois en famille pour profiter de ce genre de formule.
Mohamed de Boumerdes, venu spécialement pour le salon, est encore plus catégorique. « Il n’y a pas de crise économique car on n’a pas d’économie », assène-t-il. Tout simplement. Pour lui, cette ruée sur les véhicules est provoquée par la faiblesse de l’offre face à une demande beaucoup plus importante.
« Avant, on importait 400 000 véhicule/an et il y a avait plusieurs concessionnaires. Le client peut acheter là où il veut. Aujourd’hui, avec la formule du montage, cinq marques détiennent le monopole et ne produisent pas plus de 100 000 véhicules/an. D’où le rush des clients vers les différents stands », explique-t-il.
Une explication que ne partage pas un représentant d’un constructeur qui, lui, estime que l’offre s’est plutôt équilibrée avec la baisse de la demande. Et pour intéresser davantage les clients, chaque marque va de sa petite formule ; remises, paiement à crédit, etc. Qu’en est-il des ventes durant les deux jours du salon ? « Il y a une très grande affluence des visiteurs et beaucoup de commandes aussi », s’est-il contenté de dire sans donner le moindre chiffre.