Le 23e Salon international du livre d’Alger (Sila) aura lieu du 29 octobre au 10 novembre à la Safex sous le slogan « Le Livre ensemble ».
Hamidou Messaoudi, commissaire du salon, a dévoilé, ce lundi lors d’une conférence de presse à la bibliothèque nationale d’El Hamma, à Alger, le programme de la manifestation marquée par une forte présence chinoise.
La Chine est le pays invité d’honneur cette année. Une manière de célébrer la reconnaissance par ce pays du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) en 1958. Voici les grands moments du Sila 2018.
Mo Yan, premier prix Nobel de littérature à visiter l’Algérie
Le 30 octobre, Mo Yan, prix Nobel chinois de littérature (2012), auteur de 80 romans, sera à Alger pour animer une conférence au Sila, au niveau du pavillon G à côté de la principale porte d’entrée du Palais des expositions (côté autoroute nord côtière).
Toutes les conférences, débats et rencontres du programme culturel du Sila auront lieu au niveau de ce pavillon, partiellement réservé aux plateaux de télévision et de radio.
Le vice-ministre de la Culture chinois sera présent à cette conférence. La délégation chinoise comprend 150 personnes entre écrivains, universitaires, éditeurs et journalistes.
La Chine aura un espace d’exposition de 500 m², au pavillon central. C’est la première fois qu’un pays invité d’honneur obtienne cette surface au Sila. Les principales maisons d’édition chinoises, au nombre de 43, y seront présentes avec l’exposition de plus de 2500 titres, en arabe, en français et en anglais.
La version chinoise du roman de l’algérien Waciny Laredj, « Le livre de l’Émir » sera également présentée ainsi que des ouvrages récents sur la gouvernance, sur l’économie et sur deux principales langues de Chine (mandarin et cantonnais).
Des livres pour enfants chinois diffusés en Algérie
Des livres retraçant l’itinéraire du président Xi Jinping seront également proposés au public algérien. « Nous voulons renforcer la coopération avec l’Algérie dans les domaines de l’édition et de l’imprimerie. Nous avons prévu de tenir un forum sur cette question en présence d’éditeurs arabes aussi », a annoncé Xue Yz Yang, attaché culturel à l’ambassade de Chine à Alger.
Les droits de diffusion de livres de récentes éditions feront l’objet d’une signature comme « Les quarante ans de l’ouverture de la Chine sur le monde » et « L’autoroute de la transformation économique chinoise ».
Pékin entend également assurer une bonne diffusion de livres pour enfants, traduits en arabes, en Algérie et dans les pays arabes. En ce sens, un forum est prévu au Sila.
Costa Gavras signera ses mémoires à Alger
D’autres romanciers et poètes chinois de grande réputation littéraire comme Zhao Lihong, Xu Zechen et Cao Wenxuan seront également présents au salon. « Nous profitons du Salon pour présenter plusieurs facettes de la culture chinoise avec une soirée musicale et une exposition d’images », a indiqué Xue Yz Yang.
Le cinéaste franco-grec Costa Gavras sera au Sila pour signer ses mémoires, « Va où il est impossible d’aller » (paru dernièrement aux éditions Le Seuil à Paris). « Une occasion sera offerte à nos jeunes de voir le film « Z » (en version numérique) qui sera projeté à la salle Ali Mâachi et à la cinémathèque d’Alger. Des films chinois seront projetés aussi dans les mêmes salles », a annoncé Hamidou Messaoudi.
L’historien chinois Xin Deyong participera, le jeudi 1er novembre, à une table ronde (au pavillon G) sur le GPRA. Il sera aux côtés des chercheurs en histoire Abdelmadjid Merdaci et Mohamed Abbas ainsi que le moudjahid Mohamed Khelladi (ancien diplomate).
L’historien américain Matthew Connelly (enseignant à la Columbia University de New York), un des meilleurs spécialistes de la Guerre de libération nationale au monde, animera une conférence à la faveur du Sila. Idem pour l’historien français Gilles Manceron qui reviendra, entre autres, sur l’affaire Maurice Audin.
Waciny Laredj viendra avec le tome 2 du « Livre de l’Émir »
Waciny Laredj sera présent au Sila 2018. « Je suis en contact avec lui et il m’a promis d’être là. Il est fort possible que le tome 2 de son roman « Le Livre de l’Émir » soit disponible au Sila », a déclaré Hamidou Messaoudi.
Waciny Laredj, en signe de protestation contre « la mauvaise gestion » du dossier du projet du film sur l’Émir Abdelkader et d’autres projets relatifs au fondateur de l’État algérien moderne, a déclaré, il y a quelques semaines, qu’il réservait la sortie du tome 2 de son roman sur «Le Livre de l’Émir » au salon de Beyrouth, pas à celui d’Alger.
« Nous n’avons exclu personne du salon du livre. Dernièrement, on a écrit que j’aurais dit que Kamel Daoud était indésirable au salon. Mais qui suis-je donc pour exclure cet écrivain ? Les portes sont grandes ouvertes pour Kamel Daoud et pour ses livres surtout qu’ils sont publiés par une maison d’édition algérienne, Barzakh. Aucune réserve n’a été exprimée à l’égard d’un livre algérien édité en Algérie au Sila », a précisé le premier responsable du Sila.
Plusieurs écrivains algériens animeront des débats consacrés à leurs œuvres, à la littérature et à la poésie, comme Rachid Boudjedra, Maissa Bey, Aicha Kassoul, Amin Zaoui, Zineb Laouedj et Habib Sayah.
Selon Hamidou Messaoudi, 94 invités étrangers, entre écrivains, essayistes et universitaires seront présents au salon pour y animer des conférences, des estrades et des tables rondes. Il s’agit, entre autres, de Jaber Asfour (Égypte), Dimitriou Stavroula (Grèce), Charadine Majdouline (Maroc), Grecia Caceres (Pérou), Pedro Enrique Martinez (Espagne), Eduardo Izquierdo (Mexique), Choukri El Mebkhout (Tunisie) et Yahia Yekhlef (Palestine).
48 pays, 1.018 maisons d’édition et 300.000 livres au Sila 2018
Des hommages sont également prévus pour notamment les historiens Mahfoud Kaddache et Abou Kacem Saadallah ainsi que l’écrivaine Taos Amrouche.
En tout, 48 pays (dont l’Algérie) participent au 23e Sila représentés par 1.018 maisons d’édition (dont 279 algériennes). La surface d’exposition est de 20.000 m² répartie sur trois pavillons (Central, Casbah et Ahaggar). 300.000 titres seront exposés au salon couvrant toutes les spécialités (livres scientifiques, manuels universitaires, beaux livres, romans, contes, essais, recueils de poèmes, études, livres pour enfants, livres religieux, etc).
D’après le premier responsable du Sila, 54 livres sont interdits d’exposition au salon. « Ce nombre est insignifiant par rapport aux livres qui seront exposés. C’est moins, par rapport à 2017. L’année écoulée 130 titres ont été retirés par la commission de lecture. Les éditeurs arabes savent désormais qu’il existe un suivi strict et donc évitent d’envoyer des livres susceptibles de tomber sous le coup de la loi sur le livre de 2015. Les membres de la commission de lecture seront présents au salon. Cela existe dans les autres pays », a-t-il précisé.
« Tous les livres qui font l’apologie du terrorisme ou du racisme, qui incitent à la division et à la discrimination, qui portent atteinte à la morale sont interdits du Salon du livre. Tous les ouvrages qui ne sont pas déclarés au préalable par les éditeurs ne seront pas exposés même s’il s’agit d’un livre d’art culinaire. Cette année, à titre d’exemple, une vingtaine de maisons d’édition arabes ont été exclues parce qu’elles n’ont pas respecté le règlement intérieur du salon comme l’interdiction de déposer des livres à même le sol », a-t-il ajouté.
120.000 élèves ont visité le salon en 2017
Les excursions organisées par les établissements scolaires ont permis à 120.000 élèves de visiter le Sila en 2017. « Comme le Sila coïncide avec les vacances scolaires d’automne, le ministère de l’Éducation a décidé d’organiser ces excursions pour mettre en contact les élèves avec le livre. Cette opération sera renouvelée cette année. Le ministère de l’Éducation organise aussi une rencontre sur « l’édition scolaire » au niveau de l’Opéra d’Alger en présence d’enseignants et de pédagogues », a souligné Hamidou Messaoudi.
L’accès au Sila restera gratuit pour « l’impossibilité d’organiser la billetterie » en raison de la forte affluence des visiteurs. En 2017, 1,7 millions de personnes ont visité ce salon, en hausse de 13% par rapport à 2016. « Ces données sont obtenues par comptage automatique aux portiques de sécurité des entrées », a précisé l’administration du salon. Un sondage sera organisé cette année pour s’enquérir des habitudes de lecture des Algériens. « Certains pensent que le Sila est devenu une grande librairie. Tant mieux. À un moment donné, avant 2008, cette manifestation ressemblait au Souk d’Okaz (ancienne rencontre annuelle de poètes arabes dans la région d’El Taïf dans l’actuelle Arabie Saoudite). Aujourd’hui, le Sila est un véritable salon professionnel », a soutenu Hamidou Messaoudi.