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Samir Nasri, un sentiment de gâchis

Verra-t-on Samir Nasri à nouveau sur un terrain de football avant la fin de sa carrière ? À 30 ans, l’ancien Marseillais, qui a quitté en janvier dernier le club turc d’Antalyaspor « d’un commun accord », vient d’être suspendu six mois par l’UEFA pour « violation des règles antidopage ».

Le joueur a en effet été sanctionné pour avoir reçu un traitement intraveineux de vitamines dans une clinique de Los Angeles, alors qu’il jouait au FC Séville.

Héritier de Zidane…

S’il n’est pas exclu que le milieu de terrain relève un nouveau challenge une fois la sanction levée, lui qui n’a fait étalage d’aucune réaction officielle à cette décision, on se dit que Samir Nasri, l’enfant surdoué de la cité phocéenne, aurait pu connaître une carrière plus fastueuse, à retracer son parcours, jalonné de haut et de bas.

L’expression de son talent s’est éteinte trop rapidement, et le constat est implacable : la fin de carrière de Nasri s’est émiettée. Son passage en Turquie n’aura duré que six mois, disputant huit petites rencontres et inscrivant deux buts. Ces dernières années, seul son prêt à Séville lors de la saison 2016-2017 a figuré comme une éclaircie au milieu d’un ciel terne.

En Andalousie, Nasri avait retrouvé de sa superbe, car avant son arrivée en Espagne, l’ancien Gunner, délaissé sur la fin par Manuel Pellegrini puis écarté des plans de Pep Guardiola, a passé ses deux dernières saisons à Manchester City davantage sur le banc des remplaçants que sur les terrains. Pourtant, du talent, l’homme en a.

Celui que les médias français s’étaient empressés d’en faire l’héritier de Zinédine Zidane en équipe de France a brillé que ce soit à ses débuts avec l’olympique de Marseille, Arsenal et même les premières années à City, où il a participé grandement à la conquête des titres de champions d’Angleterre, en 2012 et 2014.

Mais le parcours du meneur de jeu aura été émaillé d’irrégularité sportive et de polémiques, particulièrement en équipe de France. Premier épisode. Euro 2008. Nasri, 20 ans, sort une première fois des clous après s’être assis dans le bus à la place de Thierry Henry, un cadre majeur de l’équipe. Tandis que le football est un univers s’apparentant au monde militaire en ce qu’il a de codes et de principes, le jeune joueur aurait refusé de céder sa place, symbolisant le choc générationnel qui allait s’immiscer dans le vestiaire des Bleus.

Une relation tumultueuse en équipe de France

Deuxième épisode. Euro 2012. De retour en sélection après avoir manqué la catastrophique Coupe du monde 2010, Nasri, qui porte déjà l’étiquette du « mauvais garçon », insulte un journaliste du quotidien sportif L’Équipe après avoir inscrit un but face à l’Angleterre. Un peu plus tard dans la compétition, après l’élimination en quart de finale contre l’Espagne, il insultera cette fois un journaliste de l’AFP, incriminant les journalistes de chercher « toujours à écrire de la merde. » Évidemment, les deux incidents font tache, deux ans après le scandale de Knysna, alors que l’équipe de France tentait de se racheter une conduite.

Nasri prend sa retraite internationale après ne pas avoir été sélectionné par Didier Deschamps pour le Mondial 2014, au Brésil, en dépit d’une bonne saison avec les Citizens. Celui qui a sans doute payé ses erreurs du passé a bouclé son histoire avec les Bleus après en avoir porté officiellement 41 fois le maillot, laissant un goût d’inachevé. « L’équipe de France ne me rend pas heureux », déclarait-il à l’époque dans The Guardian, alors qu’il se confiait en 2016 au magazine Onze mondial à propos de sa relation avec Deschamps : « Je ne m’entends pas avec lui, je n’ai pas envie de travailler avec lui, ce n’est pas un mec de parole. Je n’ai même pas envie de parler de lui. Il m’a oublié, je l’ai oublié. C’est mieux comme ça. »

Dans la lignée d’un Nicolas Anelka, catalogué bien avant lui d’« enfant terrible du football français », Samir Nasri a eu parfois tendance à se braquer face aux médias, avec qui il a entretenu quelques rapports conflictuels. Mais l’homme n’est pas du genre à regretter, plutôt à assumer. Dans un entretien accordé à Canal + en octobre dernier, Samir Nasri, d’origine algérienne, répondait depuis le bord de sa piscine, dans sa maison à Antalya, aux questions du journaliste sans se départir de son franc-parler qui le caractérise.

Dénonçant l’hypocrisie régnante dans le football, il assurait que « c’est trop facile » de lui demander s’il n’était pas préférable qu’il joue pour les Fennecs au vu de son parcours mitigé en équipe de France. « J’ai connu l’équipe de France à 19 ans, où il y avait de grands joueurs. C’était impossible de refuser ! D’autant plus qu’à l’époque, l’équipe d’Algérie, c’était le désert de Gobi ! », lançait-il, reconnaissant qu’il a une part de responsabilité dans sa carrière qui aurait pu être plus belle qu’elle ne l’a été. « C’est sûr que j’aurais pu mieux faire, parce qu’il y a eu des moments dans ma carrière où je n’ai pas été suffisamment professionnel, notamment sur mon hygiène de vie. Parce que le talent, je l’avais. » Un gâchis qui fait notamment écho à un autre joyau de la génération 87, Hatem Ben Arfa.

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