Société

Scènes apocalyptiques à Tizi-Ouzou : « C’est comme une guerre »

Les incendies se sont déclarés lundi 9 août dans plusieurs forêts d’Algérie, notamment dans la wilaya de Tizi-Ouzou, faisant des victimes parmi la population, ravageant des maisons et des vergers.

Selon Berbère Télévision, 10 personnes ont trouvé la mort à Tizi-Ouzou où des centaines de villageois ont dû fuir leurs villages pour échapper à l’enfer des flammes. La Direction locale des forêts donne un bilan de six morts.

Dans un premier bilan hier soir, la direction locale des forêts a fait état de 4 morts, dont une jeune fille tombée d’un camion alors qu’elle fuyait les flammes avec sa famille à Beni Yenni.

Un jeune a péri dans les flammes alors qu’il tentait de sauver son bétail, selon des témoignages publiés sur les réseaux sociaux.

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Ce mardi matin, plusieurs incendies étaient toujours actifs et menaçaient d’autres villages. Des appels de détresse sont lancés sur les réseaux sociaux pour venir à l’aide des villageois encore encerclés par les flammes.

Plus d’une vingtaine de communes ont été touchées, sur quasiment tout le territoire de la wilaya. Mais les incendies les plus ravageurs ont été enregistrés en Haute-Kabylie, à Larbaâ Nah Irathen, Aïn El Hammam, Ouadhias, Yattafen, Beni Yeni, Aït Ouacif, Beni Douala…

Certains villages ont été encerclés par les feux de toutes parts et plusieurs ont été gravement touchés. Les habitants décrivent des scènes apocalyptiques. Les plus anciens assurent qu’ils n’ont pas vu ça depuis la guerre de libération et le bombardement des villages au napalm par l’armée coloniale. « C’est comme une guerre », témoigne Ahcene Menad, président de l’association Al Baraka caritative à Ouadhias.

Les incendies se sont déclarés simultanément en début d’après-midi. Attisés par les hautes températures (45 degrés) et des vents forts, ils ont vite atteint les villages sur les crêtes en quelques heures.

Outre la température et la canicule, la situation a été rendue compliquée par d’autres facteurs : la simultanéité des incendies, le relief escarpé et difficile d’accès et l’absence des moyens de lutte chez les habitants. Même les robinets sont à sec en cette période de l’année dans plusieurs communes.

Une nuit d’horreur et d’angoisse

Les villageois ont tenté de faire face aux feux avec les moyens de bord, mais ils ont dû renoncer devant l’avancée inexorable des flammes qui avalaient tout sur leur passage. Les premières évacuations commencent alors en fin d’après-midi.

Là aussi, c’est avec peu de moyens que des milliers d’habitants ont dû quitter simultanément et dans l’urgence leurs habitations, dont certaines partiront en fumée. Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrant des colonnes de gens en tous âges sur les routes rappellent des scènes d’exode pendant les conflits armés.

Une chaîne de solidarité s’est très vite mise en place. Des écoles, des hôtels, des salles des fêtes et des domiciles particuliers ont été ouverts au chef-lieu de wilaya et dans les autres localités pour accueillir les personnes en détresse.

Des vivres et de l’eau minérale ont été également collectés et acheminés des quatre coins de la wilaya vers les lieux abritant les sinistrés. Les habitants ont passé une nuit d’horreur.

Feu de toutes parts, air irrespirable, chaleur suffocante, l’eau et l’électricité coupées, les antennes relais de la téléphonie mobile détruites dans certaines zones, donc sans contact avec le monde extérieur, et l’angoisse de ce qui peut arriver d’une minute à l’autre. « Les personnes âgées et les handicapées souffrent énormément », témoigne Ahcene Menad qui a lancé un appel aux dons pour venir en aide aux populations qui ont tout perdu en moins d’une journée.

La solidarité s’est aussi exprimée par la contribution de tout le monde à l’effort d’extinction des incendies devant l’insuffisance des moyens de la Protection civile, même avec l’envoi de colonnes supplémentaires des wilayas limitrophes. Armés de pelles et parfois de simples rameaux, les jeunes de la région ont fait ce qu’ils ont pu pendant toute la nuit.

Le bilan définitif sera sans doute lourd. Outre les pertes humaines, le coût économique et environnemental est désastreux avec la destruction de milliers de forêts, d’oliveraies, de maisons, de poulaillers et d’étables.

Ce mardi matin, le président Tebboune a dépêché sur les lieux les ministres de l’Intérieur et de la Solidarité nationale pour s’enquérir de la situation et apporter un soutien moral aux habitants touchés par les incendies.

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