Économie

Sécheresse : de lourdes retombées pour la filière céréalière en Algérie

Les retombées de la faible pluviométrie enregistrée durant les trois derniers hivers en Algérie devraient être lourdes pour la filière céréalière nationale.

La campagne de moisson-battage, toujours en cours, devrait réaliser des résultats très en-deçà des objectifs. La production devrait être réduite de 30 à 40 % pour la campagne de commercialisation 2021-2022, selon un rapport du Foreign agricultural service (FAS) relevant du département américain de l’Agriculture.

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Le rapport met directement en cause les faibles précipitations, qui ont « diminué l’humidité du sol », notamment dans les bassins céréaliers du pays.

La production globale de l’Algérie devrait se situer à 3,6 millions de tonnes, pour une consommation estimée à 11,1 millions de tonnes. Selon les chiffres dévoilés par le président de la République en mars dernier, la production nationale de céréales avait atteint 6,7 millions de tonnes.

Suivant les prévisions de l’USDA, ces conditions stimuleront les importations de blé et d’orge de l’Algérie. Les importations totales devraient se situer à 7,65 millions de tonnes, dont 750.000 tonnes d’orge pour « compléter les conditions de pâturage liées aux conditions météorologiques ».

L’agence américaine souligne que cette situation survient malgré les efforts pour réduire les importations et assurer la sécurité alimentaire du pays, rappelant que « le gouvernement algérien travaille au développement de son industrie agricole en encourageant les investissements locaux pour améliorer les filières du blé tendre et des oléagineux ».

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En juillet 2020, le président de la République avait annoncé que la production agricole a atteint en valeur 25 milliards de dollars, « dépassant ceux des hydrocarbures pour la première fois depuis l’indépendance ».

Des chiffres accueillis néanmoins avec scepticisme par les experts, avançant que le ministère de l’Agriculture ne disposait pas de données fiables à cause du caractère informel d’une grande partie de l’activité agricole.

« Si notre agriculture génère 25 milliards (…), elle serait beaucoup plus performante que celle des 2/3 des pays membres l’Union européenne », avait par exemple contesté l’agronome Akli Moussouni.

« Augmenter les surfaces irriguées »

Quoi qu’il en soit, les performances de l’agriculture algérienne sont tributaires des aléas de la météo, comme le confirment ces prévisions à la baisse de la production pour l’année en cours après une longue période de sécheresse.

En mars dernier, le chef de l’Etat avait soulevé la problématique, insistant sur la nécessité d’augmenter de 20 % les surfaces céréalières irriguées. Tebboune a indiqué lors d’une rencontre avec la presse que le pays disposait de capacités en matière de moyens d’irrigation qui permettent d’augmenter de 20 % la production nationale de blé.

L’objectif étant de réduire la facture d’importation des céréales qui a atteint 2,8 milliards de dollars en 2020, soit 34,76 % de la facture alimentaire globale du pays.

Les quantités importées ne représentaient toutefois que 20 % des besoins nationaux.

La vulnérabilité de la filière céréalière à cause de sa dépendance à la pluviométrie est aussi pointée du doigt par de nombreux experts algériens.

« Notre système céréalier est fragilisé par une trop grande dépendance des précipitations », alors même que « l’ensemble des modèles climatiques prédisent pour la région encore plus d’aridité et de variabilité des précipitations », a alerté, ce mercredi 4 août sur la Radio algérienne, le Pr Ali Daoudi, enseignant chercheur à l’Ecole nationale supérieure agronomique d’Alger.

Il a expliqué que la baisse de production attendue est « l’effet immédiat des conditions climatiques », sachant que « c’est le même système traditionnel de production céréalière qui a produit l’année dernières près de 40 millions de quintaux qui risque de produire 25 % de moins cette année ».

Selon lui, « les rendements moyens sur les cinq dernières années tournent autour des 16 quintaux à l’hectare, c’est parmi les taux les plus faibles de la région méditerranéenne. »

La solution qu’il propose est la même suggérée par le président Tebboune : augmenter les surfaces irriguées.

« Même si on a déjà du mal à augmenter l’irrigation d’appoint, il faut être plus ambitieux et envisager d’avoir structurellement, quelques 200 mille hectares de céréales chaque année, en irrigué, avec des niveaux de rendements élevés, entre 50 et 65 quintaux à l’hectare en moyenne,  pour stabiliser environs 20 millions de quintaux de production, c’est fondamental si l’on veut sécuriser l’approvisionnement du marché », conseille-t-il.

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