L’Algérie et l’Espagne ouvrent une nouvelle page dans leurs relations diplomatiques et de coopération dans plusieurs domaines, notamment migratoire. Ce rapprochement avec l’Espagne intervient dans un contexte de fortes tensions diplomatiques avec la France, notamment à cause de l’immigration.
Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Brahim Merad, a entamé, lundi 24 février, une visite officielle de deux jours en Espagne à l’invitation de son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska Gomez.
Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, cette visite de deux jours « permettra d’évoquer les dossiers de la coopération bilatérale dans les domaines d’intérêt commun ».
L’Algérie, un « partenaire clé » pour l’Espagne dans la coopération sécuritaire et migratoire
Selon des médias espagnols, l’immigration illégale et l’amélioration de la collaboration en matière de protection civile et de lutte contre le terrorisme ont été les principaux sujets lors de la rencontre entre le ministre algérien de l’Intérieur, Brahim Merad et son homologue espagnol.
Cependant, la réunion a eu aussi une portée diplomatique qui va au-delà des aspects techniques liées aux questions de sécurité, note le quotidien El Periodico. C’est en effet la première rencontre officielle entre des ministres des deux gouvernements, depuis la crise entre Alger et Madrid, en mars 2022.
Lors de l’échange, Fernando Grande-Marlaska a qualifié l’Algérie d’un « partenaire clé » pour l’Espagne en matière de coopération sécuritaire et de lutte contre l’immigration clandestine, comme en témoignent les efforts de l’Algérie dans la lutte contre les réseaux de trafic d’êtres humains.
Le rôle décisif de l’Algérie dans la libération du ressortissant espagnol, Navarro Canada Joachim, kidnappé en janvier dernier dans la zone frontalière algéro-malienne, a également été évoqué.
Algérie : un rapprochement avec l’Espagne dans un contexte de fortes tensions avec la France
Vendredi dernier, une rencontre entre le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf, avec son homologue espagnol, José Manuel Albares, a eu lieu à Johannesburg, en marge de la réunion ministérielle du G20.
Selon un communiqué de la diplomatie algérienne, les deux ministres ont particulièrement échangé sur « les voies et les moyens permettant de rehausser les relations entre les deux pays, en renforçant la confiance mutuelle et en promouvant la coopération bilatérale ».
Le 19 février, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a qualifié l’Espagne de « pays ami », lorsqu’il a adressé ses félicitations à l’écrivain algérien Yasmina Khadra, pour l’obtention d’un prestigieux prix international de littérature,
Outre la reprise des relations diplomatiques, les échanges commerciaux entre les deux pays ont déjà repris depuis au moins une année.
À noter que ce rapprochement des relations entre Madrid et Alger intervient au moment où les relations avec la France traversent une crise inédite.
Sur la question migratoire notamment, l’Espagne n’a pas manqué de saluer les efforts de l’Algérie, au moment même où la France, par le biais de son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, ne cesse d’accabler Alger en l’accusant de ne pas délivrer suffisamment de laissez-passer consulaires pour l’expulsion de ressortissants algériens frappés d’une OQTF en France.
Après une attaque mortelle perpétrée par un Algérien à Mulhouse samedi 22 février, Bruno Retailleau a accusé l’Algérie d’avoir refusé, à 10 reprises, de délivrer le laissez-passer consulaire pour l’expulsion de l’assaillant.